Le chef de la police indonésienne a confirmé des actes de tortures

Le fait que le chef de la police indonésienne ait confirmé que la torture avait été utilisée par les forces de sécurité du pays constitue un revirement sans précédent après plus de dix ans de négation de la réalité de cette pratique, a déclaré Amnesty International jeudi 21 avril.

Badrodin Haiti, chef de la police indonésienne, a reconnu que des membres du Détachement spécial 88, unité d’élite antiterroriste, avaient frappé à la poitrine un homme soupçonné de terrorisme, lui cassant des côtes et entraînant un arrêt cardiaque.

« Les révélations de Badrodin Haiti sont un véritable revirement dans ce pays qui nie systématiquement le fait que la torture est une pratique répandue », a déclaré Josef Benedict, directeur des campagnes pour l’Asie du Sud-Est à Amnesty International.

« Cela fait plus de dix ans que nous dénonçons l’utilisation de la torture en Indonésie. Ces révélations font naître l’espoir que la culture de l’impunité au sein de la police indonésienne pourrait commencer à être remise en cause. Le gouvernement doit désormais diligenter une enquête sérieuse et indépendante pour déterminer l’étendue de ces pratiques. Il est urgent de mettre en place des mécanismes d’obligation de rendre des comptes et de nouvelles lois qui érigent en infraction le recours à la torture. »

Complément d’information

Badrodin Haiti a fait ces révélations devant un groupe de parlementaires qui l’interrogeaient sur le fait que la police avait initialement affirmé que Siyono, un homme soupçonné de terrorisme qui est mort en détention, avait succombé à des blessures infligées lors d’une rixe.

Amnesty International estime qu’il existe de nombreuses affaires dans lesquelles les forces de police, et notamment le Détachement spécial 88, devraient faire l’objet d’une enquête afin de déterminer leur rôle présumé dans des violations des droits humains, y compris des actes de torture.

La Commission nationale des droits humains indonésienne (Komnas HAM), qui prône l’obligation pour la police de rendre des comptes, a déclaré en mars qu’au moins 121 personnes étaient mortes en détention depuis 2007 dans le cadre d’opérations de lutte contre le terrorisme.

Aucune enquête sérieuse n’a été menée, et la police a cherché à se soustraire à toute obligation de rendre des comptes en promettant de mener des enquêtes internes qui ne se sont jamais concrétisées. Ces pratiques, qui témoignent d’un profond mépris à l’égard du droit international relatif aux droits humains, pourraient devenir encore plus fréquentes si le projet de législation antiterroriste visant à autoriser la police à détenir des suspects pendant 390 jours sans avoir à présenter ces personnes à un tribunal venait à être adopté.

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