Communiqué de presse

Laos. Il faut que les dirigeants présents au Sommet Asie-Europe demandent la libération de trois manifestants étudiants

La communauté internationale doit demander la libération immédiate de trois militants étudiants laotiens qui sont incarcérés depuis 1999 pour avoir manifesté pacifiquement, a déclaré Amnesty International alors que des chefs d’État sont réunis au Laos pour le 9e Sommet Asie-Europe (Asem).

Le 26 octobre 1999, des policiers ont arrêté dans les rues de Vientiane, capitale du Laos, Thongpaseuth Keuakoun, désormais âgé de 52 ans, Seng-Aloun Phengphanh, âgé aujourd’hui de 40 ans, et Bouavanh Chanhmanivong, âgé de 52 ans, en même temps que d’autres étudiants et des professeurs, pour avoir tenté d’afficher des pancartes en faveur d’une réforme économique, politique et sociale dans ce pays de l’Asie du Sud-Est. Thongpaseuth Keuakoun, Seng-Aloun Phengphanh et Bouavanh Chanhmanivong ont été jugés pour trahison et sont en prison depuis lors.

« Il est honteux que ces hommes arrêtés alors qu’ils étaient étudiants soient toujours derrière les barreaux 13 ans plus tard, simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, a déclaré Rupert Abbott, spécialiste du Laos à Amnesty International. La communauté internationale doit mettre à profit le sommet de l’Asem pour prier instamment les autorités du Laos de libérer ces trois hommes et de mettre fin à la répression des opinions divergentes. »

« Amnesty International considère ces trois hommes comme des prisonniers d’opinion. »

Les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion sont protégés par la Constitution du Laos et garantis par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), auquel le Laos est un État partie.

Thongpaseuth Keuakoun a créé le Mouvement des étudiants laotiens pour la démocratie en février 1998 avant de recruter d’autres personnes parmi lesquelles Seng-Aloun Phengphanh et Bouavanh Chanhmanivong.

Amnesty International avait reçu en 2003 des informations selon lesquelles les trois hommes avaient été condamnés à des peines allant jusqu’à 10 ans d’emprisonnement mais, en 2009, les autorités laotiennes ont indiqué qu’ils avaient tous les trois été condamnés à 20 ans de réclusion. Ils sont incarcérés à la prison de Samkhe à Vientiane, principal établissement pénitentiaire du pays où les conditions carcérale sont particulièrement rudes.

Khamphouvieng Sisaath, autre manifestant étudiant arrêté en même temps que les trois hommes, est mort en prison en septembre 2001 des suites d’un châtiment infligé par des gardiens de la prison. Un autre homme, Keochay, a été libéré en 2002.

« Il faut qu’une enquête indépendante soit menée sur la mort en détention de Khamphouvieng Sisaath, et les personnes soupçonnées d’être responsables de ces agissements doivent être tenues de rendre des comptes », a déclaré Rupert Abbott.

Les 5 et 6 novembre, des dirigeants d’Europe et d’Asie sont réunis à Vientiane pour le sommet ASEM9, pour discuter de coopération entre ces deux régions du monde. L’accueil par le Laos du sommet de l’Asem intervient après l’annonce selon laquelle le pays s’apprête à rejoindre l’Organisation mondiale du Commerce (OMS).

« Thongpaseuth Keuakoun, Seng-Aloun Phengphanh et Bouavanh Chanhmanivong ne doivent pas sombrer dans l’oubli, a déclaré Rupert Abbott. Les dirigeants d’Europe et d’Asie présents à Vientiane doivent s’enquérir du sort de ces trois hommes et demander leur libération immédiate et inconditionnelle. »

En dépit de demandes répétées, les autorités laotiennes n’ont fourni que de rares informations contradictoires sur ces hommes. Selon une déclaration faite en septembre 2011 au Parlement européen par Catherine Ashton, haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, les autorités laotiennes auraient déclaré que Seng-Aloun Phengphanh et Bouavanh Chanhmanivong devaient être libérés cette année. Il n’a pas été question de la date de libération de Thongpaseuth Keuakoun.

Le maintien en détention de ces hommes illustre la situation préoccupante des droits humains au Laos, où le contrôle des autorités sur les médias et les affaires politiques, judiciaires et sociales continue de restreindre le droit des Laotiens à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

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