La peine de mort ne permettra pas de rétablir la sécurité

La peine de mort n’apportera ni la justice auxquelles les victimes ont droit, ni la sécurité à laquelle l’Afghanistan aspire, a déclaré Amnesty International lundi 9 mai 2016.

Six hommes ont été exécutés le 8 mai : ils avaient été reconnus coupables de participation à une série d’attaques violentes très médiatisées – notamment l’homicide en 2011 de l’ancien président et directeur du Haut Conseil pour la paix, Burhanuddin Rabbani, et l’attaque contre un supermarché de Kaboul la même année.

En exécutant ces hommes, le gouvernement du président Ashraf Ghani recourt pour la première fois cette année à ce châtiment cruel, injuste et irréversible. Depuis qu’un attentat a tué plus de 64 personnes à Kaboul en avril, le gouvernement afghan a fait le serment de faire appliquer la peine de mort plus souvent.

« Les familles qui ont perdu des êtres chers dans des attaques violentes méritent que justice soit rendue pour ces crimes, a déclaré Champa Patel, directrice du programme Asie du Sud d’Amnesty International. Cependant, la peine de mort sert uniquement la vengeance, perpétue le cycle de violence et ne résout pas les causes profondes.

« L’Afghanistan doit suspendre immédiatement toutes les exécutions et instaurer un moratoire sur l’application de la peine de mort, à titre de premier pas sur la voie de l’abolition. À une époque où la majeure partie du monde tourne le dos à cette pratique cruelle, le président Ashraf Ghani se trompe de direction.

« Il n’a jamais été prouvé que la peine de mort a un effet particulièrement dissuasif. En Afghanistan, où de graves doutes planent sur l’équité et la transparence de la procédure judiciaire, et où les forces de sécurité recourent à la torture et aux mauvais traitements pour extorquer des " aveux " aux accusés, l’injustice de cette sanction n’en est que plus flagrante. »

Amnesty International s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution. La peine capitale bafoue le droit à la vie et constitue le châtiment le plus cruel, le plus inhumain et le plus dégradant qui soit.

Complément d’information

Dans un discours prononcé récemment devant le Parlement, le président Ashraf Ghani a déclaré que son gouvernement réagira « avec sévérité face à ceux qui font couler le sang de nos citoyens innocents et de soldats  » et « ne montrera aucune pitié au moment de les punir  ». Les talibans ont à maintes reprises menacé de mener des représailles en cas d’exécution de leurs membres.

En 2015, Amnesty International a recensé une exécution en Afghanistan, et au moins 12 nouvelles condamnations à mort ont été prononcées pour meurtre et viol.

Le recours de l’Afghanistan aux exécutions rompt avec la tendance mondiale vers l’abolition de la peine de mort. La majorité des pays du globe ont aboli ce châtiment pour tous les crimes, et 140 pays sont abolitionnistes en droit ou en pratique. Quatre nouveaux pays, la République du Congo, la République des Îles Fidji, Madagascar et le Suriname, ont aboli la peine de mort en 2015, et le Parlement de Mongolie a adopté un nouveau Code pénal qui abolit ce châtiment et entrera en vigueur en septembre 2016.

Bien souvent, la peine de mort est appliquée en Afghanistan à la suite d’une procédure n’ayant pas respecté les normes internationales d’équité.

Documents d’Amnesty International

Rapport sur les condamnations à mort et les exécutions en 2015 - 6 avril 2016

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