La répression contre militants et avocats perdure

Les autorités chinoises doivent mettre fin à leur incessante répression visant des militants et avocats défenseurs des droits humains, a déclaré Amnesty International, après la condamnation d’un éminent juriste à l’issue d’un procès inéquitable.

Jeudi 4 août, Zhou Shifeng a été condamné à sept années d’emprisonnement après avoir été reconnu coupable de « subversion du pouvoir de l’État », à l’issue d’un procès qui a duré moins d’une journée devant le tribunal populaire n° 2 de Tianjin, dans le nord-est de la Chine.

Mercredi, le militant pour la démocratie Hu Shigen a également été condamné à sept ans et demi d’emprisonnement pour « subversion du pouvoir de l’État » et, mardi, le militant Zhai Yanmin a été condamné à trois ans de prison avec quatre ans de sursis, toujours pour le même chef d’accusation.

« Cette vague de procès contre les avocats et les militants n’est qu’une mascarade politique. Leur sort est scellé avant qu’ils n’entrent dans la salle d’audience et ils n’ont aucune chance de bénéficier d’un procès équitable », a déclaré Roseann Rife, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. »

« Les autorités chinoises semblent résolues à faire taire toute personne qui soulève légitimement des problèmes de droits humains et fait appel à la loi pour obtenir réparation.  »

Il s’agit là des premières condamnations de personnes arrêtées dans le cadre de la vague de répression sans précédent qui a commencé en juillet 2015 et ciblé 248 avocats et militants des droits humains.

Les trois hommes condamnés cette semaine sont restés en détention provisoire plus d’un an. Ils n’ont pas été autorisés à choisir leur avocat, et leurs familles n’ont pas reçu la permission d’assister aux procès. La télévision d’État chinoise a également diffusé les « aveux » de Zhai Yanmin et de Zhou Shifeng avant leur procès. Amnesty International a recensé les différents procédés mis en œuvre contre les avocats ou les défenseurs des droits humains en détention.

Quatorze autres personnes visées par la répression sont toujours en attente de jugement. Dix d’entre elles sont accusées d’atteintes à la sécurité de l’État, ce qui est fréquent pour les militants des droits humains et les dissidents.

« Les autorités utilisent des dispositions juridiques vagues pour donner un vernis de légitimité à leur attaque politique. Lorsque les lois relatives à la sécurité de l’État permettent de tels abus, elles doivent être changées », a déclaré Roseann Rife.

Lundi, les médias de la Chine continentale et de Hong Kong ont indiqué que l’avocate Wang Yu avait été libérée sous caution. Son arrestation l’an dernier avait marqué le début de la vague de répression. Elle pourrait toutefois être encore poursuivie pour « subversion du pouvoir de l’État », l’accusation qui avait motivé son arrestation.

Phoenix TV (Hong Kong) a annoncé que Wang Yu avait été libérée sous caution en diffusant une séquence la montrant dans un lieu non identifié, dénonçant ses travaux antérieurs et affirmant que des « forces occidentales » avaient utilisé le cabinet d’avocats pour lequel elle travaillait afin de nuire à l’image du gouvernement chinois.

Ses commentaires étaient semblables à ceux recueillis dans un entretien du South China Morning Post, un quotidien de Hong Kong, avec la juriste Zhao Wei, après sa libération sous caution au bout d’une longue période de détention. L’époux de Zhao Wei n’a pas été en mesure de communiquer avec elle depuis sa libération supposée.

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