Des cas de violence contre des femmes dalits demeurent impunis

Les autorités de l’État indien du Kerala (sud du pays) doivent veiller à ce qu’une enquête indépendante soit ouverte sur les allégations d’inaction de la part de la police dans une affaire concernant le viol et le meurtre barbare d’une femme dalit âgée de 30 ans à Vattolippadi, une localité du Kerala. L’absence de suite donnée par la police aux précédentes plaintes faisant état de discrimination et de harcèlement subis par la famille de cette femme en raison de sa caste doit également faire l’objet d’une enquête.

Le 28 avril au soir, une étudiante en droit a été retrouvée morte à son domicile par sa mère, qui travaille comme ouvrière journalière. Selon les informations parues dans les médias, l’autopsie a révélé 38 lésions sur son corps ainsi que des traces de viol, et ses intestins avaient été partiellement retirés. La police a enregistré un procès-verbal introductif, mais elle n’en a pas encore fourni une copie aux proches de la victime, comme l’y oblige la législation indienne.

Trois hommes ont été arrêtés dans cette affaire. Le gouvernement du Kerala a annoncé qu’il verserait 100 000 roupies indiennes d’indemnités à la famille de la victime.

« L’inaction de la police dans les affaires de violence contre des femmes dalits est malheureusement courante. Dans ce cas précis, les policiers n’avaient même pas donné suite aux précédentes plaintes de la famille  », a déclaré Rekha Raj, responsable du programme Droits des femmes à Amnesty International Inde.

La sœur de la victime a en effet déclaré à l’organisation : « Nous avions déjà porté plainte contre certaines personnes qui nous menaçaient, mais la police n’a pris aucune mesure. »

Amnesty International Inde a pu lire une copie d’une précédente plainte déposée selon elle en mai 2014 par sa mère auprès de la police du district d’Aluva, dans laquelle elle affirmait que son voisin harcelait et menaçait la famille. Le document indique également que la police locale n’a pas donné suite à plusieurs autres plaintes déposées auparavant.

Laila Rasheed, une militante qui s’était efforcée d’obtenir des prestations sociales pour la famille de la victime, a déclaré à Amnesty International Inde : «  Cette famille souffrait d’exclusion sociale parce qu’elle était pauvre et dalit. Elle n’était même pas autorisée à prendre de l’eau dans le puits de ses voisins. La mère et la fille se sont opposées et ont résisté avec courage à cette injustice. Cela leur a valu d’être peu appréciées. »

« Les femmes dalits subissent de multiples niveaux de discrimination, de la part de la population et souvent de la police. Le gouvernement du Kerala doit amener la police à rendre des comptes pour son inaction  », a déclaré Rekha Raj.

Complément d’information

En raison des préjugés généralisés visant les dalits (opprimés) et les adivasis (aborigènes), les crimes commis contre des femmes de ces communautés sont moins susceptibles de faire l’objet d’un signalement, d’une enquête et de poursuites efficaces. Une étude réalisée en 2005 sur 500 cases de violence envers des femmes dalits dans quatre États indiens a révélé que deux femmes sur cinq ayant subi des violences n’avaient pas porté plainte, essentiellement parce qu’elles avaient peur des auteurs ou de la stigmatisation, ne connaissaient pas la loi ou étaient convaincues qu’elles n’obtiendraient pas justice.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit