L’enquête sur les violations dans l’État d’Arakan doit être crédible

Réagissant à l’annonce selon laquelle le président du Myanmar a créé une commission chargée d’enquêter sur les violences perpétrées dans l’État d’Arakan en représailles après l’assaut lancé le 9 octobre contre trois postes de la police des frontières, Rafendi Djamin, directeur pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International, a déclaré :

« Une enquête sur les violations des droits humains commises dans le nord de l’État d’Arakan n’a que trop tardé. Cependant, dans un souci d’efficacité, elle doit être indépendante et impartiale, et respecter le droit international relatif aux droits humains et les normes en la matière.

« Nos conclusions pointent du doigt de graves violations des droits humains et une politique de punition collective visant la population musulmane des Rohingyas dans le nord de l’État d’Arakan. La réponse des autorités aux attaques contre les postes-frontières du 9 octobre va au-delà de ce qui est proportionné, en ciblant des personnes, des familles entières et des villages entiers. Difficile d’imaginer qu’une commission dirigée par un ancien général de l’armée – et qui inclut le chef de la police – puisse enquêter en toute impartialité sur des allégations visant les forces de sécurité.

« Les autorités du Myanmar doivent permettre aux observateurs indépendants, journalistes et observateurs des droits humains de se rendre librement dans le nord de l’État d’Arakan. Une enquête crédible ne pourra se dérouler sous couvert de la dissimulation, en autorisant uniquement les parties ayant un intérêt dans les conclusions à se rendre dans les secteurs touchés. »

Complément d’information

Le 1er décembre 2016, Htin Kyaw, président du Myanmar, a annoncé la mise sur pied d’une commission chargée d’enquêter sur les attaques des 9, 12 et 13 octobre, ainsi que sur « les violentes attaques lancées à Maungtaw et leurs situations et causes de fond ; les morts, les blessés, les destructions et autres dégâts ; les mesures prises pour rétablir la stabilité et l’état de droit ; la vérification d’allégations extérieures lors des opérations d’évacuation de la zone ; les garanties pour la sécurité et les droits humains des personnes ; la prévention de conflit et les aides humanitaires ; les mesures afin d’éviter la répétition d’évènements analogues ».

La commission est censée rendre son rapport au président au plus tard le 31 janvier 2017.

Myint Swe est nommé président de la commission chargée d’enquêter sur les événements dans le nord de l’État d’Arakan. Ancien général de haut rang dans l’armée du Myanmar, Myint Swe est l’un des deux vice-présidents du pays. Il a été désigné par le commandant en chef des armées pour la présidence, mais a été nommé vice-président à l’issue d’un vote parlementaire.

Amnesty International a recueilli les témoignages de villageois rohingyas qui ont été la cible d’attaques ces dernières semaines, à la fois au Myanmar et de l’autre côté de la frontière au Bangladesh, où des milliers de Rohingyas ont fui pour se mettre en sécurité.

Ils ont décrit une longue liste de violations des droits humains imputables aux forces de sécurité du Myanmar : tirs aveugles sur les villageois depuis des hélicoptères de combat, incendie de centaines d’habitations, arrestations arbitraires et viols de femmes et de jeunes filles, notamment.

Pour en savoir plus

Le Bangladesh expulse des Rohingyas alors que cette minorité est victime de sanctions collectives au Myanmar (Nouvelles, 24 novembre 2016)

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