Jamaïque. Amnesty International se félicite des projets du gouvernement mais insiste sur la nécessité d’un changement véritable

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI
mardi 21 juillet 2009

Amnesty International a salué ce 21 juillet le fait que le gouvernement jamaïcain s’emploie à résoudre la crise que traverse le pays en matière de sécurité publique, mais tient à signaler que tout succès dans ce domaine ne pourra être mesuré qu’à l’aune du nombre de vies sauvées et de personnes tirées de la pauvreté.

Le constat fait par l’organisation est l’un des points développés dans un rapport d’une trentaine de pages évaluant les projets du gouvernement jamaïcain en ce qui concerne la lutte contre une violence très établie, de graves violations des droits humains et l’impunité.

Le taux de criminalité violente est extrêmement élevé en Jamaïque. Selon les statistiques de la police, pour la seule année 2008, 1 611 meurtres ont été recensés dans ce pays – sur une population de 2,7 millions d’habitants seulement. La plupart des victimes vivent dans des quartiers urbains difficiles caractérisés par l’exclusion sociale. En 2008, la proportion de victimes mineures a connu une forte augmentation.

Toujours en 2008, 224 personnes ont par ailleurs été abattues par des policiers. On estime qu’au cours des cinq premiers mois de 2009 seulement, les homicides imputés à des policiers ont augmenté de 58 %, or les policiers sont rarement sanctionnés pour ces faits. Aucun policier n’a été reconnu coupable d’homicide depuis 2006 ; quatre condamnations seulement ont été prononcées entre 1999 et 2009 sur un total de 1 700 signalements d’homicide par arme à feu.

« L’avenir de la Jamaïque reste sombre, entre les taux d’homicide alarmants et le nombre quasi nul de condamnations de représentants de l’État accusés de violations des droits humains, a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International. Ce qui est nouveau cependant, c’est que nous voyons enfin des initiatives susceptibles de donner lieu à un véritable changement. »

« Les Jamaïcains ne peuvent se permettre d’attendre plus longtemps, a ajouté Kerrie Howard. Il faut que ces initiatives soient mises en œuvre et livrent des résultats concrets rapidement. La vie de milliers de personnes en dépend. »

Parmi les propositions du gouvernement figurent des projets de réforme de la police jamaïcaine, de modernisation du système judiciaire et d’élaboration d’une politique de sécurité dans les quartiers visant à apporter remède à certains des problèmes sous-tendant le degré élevé de violence dans le pays. Des donateurs bilatéraux et multilatéraux se sont engagés à soutenir un grand nombre des recommandations relatives à ces projets.

Le rapport d’Amnesty International revient sur la proposition concernant la réforme de la police jamaïcaine. En 2008, une évaluation stratégique de celle-ci avait débouché sur 124 recommandations, acceptées par le gouvernement. Parmi les principaux objectifs figure l’amélioration du professionnalisme, de l’aptitude à répondre aux attentes et de la capacité à rendre des comptes de ces fonctionnaires.

L’organisation a également fait l’éloge du projet de réforme du système judiciaire des autorités, qui doit passer par une évaluation exhaustive du système et par le développement de stratégies et de mécanismes favorisant sa modernisation. En juin 2007, le groupe de travail pour la réforme du système judiciaire a livré une liste de recommandations qui, si elles étaient suivies, permettraient d’améliorer considérablement l’accès à la justice pour les victimes de violences criminelles et de brutalités policières.

« Le gouvernement a entamé un processus de réforme qui, à condition qu’il soit correctement et pleinement mis en œuvre, pourrait éliminer un grand nombre de facteurs contribuant à la crise en matière de sécurité publique et améliorer de manière radicale le respect des droits humains en Jamaïque », a conclu Kerrie Howard.

Complément d’information
En avril 2008, Amnesty International a publié un rapport sur la situation déjà ancienne de pauvreté, d’exclusion et de violence ayant mené à la crise en matière de sécurité publique dans les quartiers urbains défavorisés de la Jamaïque. Ce document s’attachait à montrer comment, pris au piège entre les gangs criminels qui contrôlent leur quartier et la brutalité des opérations de maintien de l’ordre, les habitants sont constamment exposés au risque d’être victimes de violences sans pouvoir bénéficier d’une protection efficace de l’État, ou si peu.

Le rapport intitulé Public security reforms and human rights in Jamaica sera disponible à compter du mardi 21 juillet à 00 h 01 TU, à l’adresse suivante : http://www.amnesty.org/en/library/info/AMR38/001/2009/en

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