3 mai. Journée mondiale de la liberté de la presse

Iran — « Le devoir d’informer »

Pour les militants et blogueurs d’Iran, se procurer des informations sur le web peut s’avérer très dangereux. L’accès à Internet à travers le pays passe par de nombreux filtres, les autorités ayant l’œil rivé sur les activités en ligne.

Le contrôle est si poussé que la plupart des internautes partent du principe que leur messagerie électronique est surveillée par le gouvernement ; pour ceux qui dépendent de serveurs situés en Iran, l’accès aux sites d’information internationaux et aux médias sociaux populaires tels que Facebook et YouTube est limité.

De nombreux blogueurs, cybermilitants et autres internautes trouvent toutefois des moyens inventifs de déjouer le contrôle de l’État ; beaucoup recourent à des serveurs proxy et à des programmes anti-filtres pour accéder aux sites étrangers, bien qu’ils constatent que ces derniers sont de plus en plus souvent bloqués ou extrêmement lents.

L’un d’entre eux, Ashkan Delanvar, étudiant, blogueur et technicien informatique, a payé un prix élevé pour son action en ligne.

Il fut, à la connaissance d’Amnesty International, la première personne à être jugée et condamnée à une peine de prison en vertu de la loi de 2009 relative à la cybercriminalité, pour avoir fourni des logiciels permettant de contourner les filtres Internet mis en place par les autorités et pour avoir formé des personnes à leur utilisation.

Arrêté en juillet 2010 et détenu dans de mauvaises conditions pendant 14 jours, il a été condamné à 10 mois de prison, peine rallongée en appel en juin 2011. Craignant pour sa sécurité, il a fui et est désormais demandeur d’asile en Allemagne.

« Les blogueurs estiment qu’il est de leur devoir d’informer le reste de la population, mais en Iran ils sont perçus comme une menace par le gouvernement parce qu’ils proposent une analyse du quotidien et de la vie politique, et relaient des informations qui sont bloquées », a expliqué Ashkan Delanvar, ajoutant que de nombreux blogueurs se montrent particulièrement critiques face à l’importance accordée par Ali Khamenei, le Guide suprême, aux principes religieux.

De nouvelles mesures, adoptées dans le but de limiter la liberté de tout un chacun en Iran d’exercer son droit à la liberté d’expression, trouvent leur ancrage dans des politiques et pratiques bien établies. Ces dernières années, une « cyberarmée » nébuleuse semble-t-il liée aux pasdaran (gardiens de la révolution), a mené des attaques contre des sites Internet en Iran et à l’étranger, notamment ceux de Twitter et de Voice of America.

En janvier 2012, le général Esmail Ahmadi Moghaddam, chef de la police iranienne, a annoncé qu’une nouvelle cyberpolice instituée en 2011 s’employait désormais, à travers tout le pays, à lutter contre la cybercriminalité et les réseaux sociaux qui propagent « l’espionnage et les émeutes ».

« [Les autorités] cherchent à renforcer leur pouvoir et leur contrôle dans tous les secteurs et notamment sur les connexions entre Iraniens, à la fois dans le monde réel et sur la toile », a ajouté Ashkan Delanvar.

Ashkan Delanvar continue à écrire sur la politique maintenant qu’il a quitté l’Iran, mais s’émerveille de sa toute nouvelle capacité à s’exprimer librement sans avoir à utiliser de pseudonyme.

« Hors d’Iran c’est si facile – maintenant je lis et j’écris tout ce que je veux, sous mon nom, et je peux me rendre sur n’importe quel site Internet de mon choix », a-t-il déclaré.

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