Ghana. Il faut améliorer l’infrastructure, réduire le surpeuplement et accroître la surveillance des prisons.

Les prisons du Ghana sont délabrées, surpeuplées et nécessitent une réforme urgente en collaboration avec les détenus, qui subissent des conditions non conformes aux normes internationales, a indiqué Amnesty International mercredi 25 avril dans un nouveau rapport intitulé "Prisoners are bottom of the pile" : Human rights of inmates in Ghana.

À partir des recherches effectuées par l’organisation en 2011, ce document rend compte du surpeuplement, du mauvais état de l’infrastructure et des installations sanitaires, de l’insuffisance de la nourriture et des problèmes de santé dans les établissements pénitentiaires ghanéens.

La surpopulation carcérale est extrême dans certaines prisons et requiert l’attention urgente du gouvernement. Environ 3 000 détenus attendent leur procès et n’ont pas encore été reconnus coupables d’une infraction.

« Il est inacceptable d’enfermer des personnes pendant 12 heures par jour, 365 jours par an dans des cellules prévues pour la moitié, le tiers ou le quart du nombre de détenus entassés dans des espaces sombres, mal ventilés et insalubres », a souligné James Welsh, spécialiste des questions relatives à la santé et la détention au sein d’Amnesty International.

Si certains prisonniers ont des lits, d’autres sont contraints de dormir par terre. Dans certaines cellules particulièrement surpeuplées, des détenus ont montré à Amnesty International comment ils dorment sur le côté, en rangées, recouvrant toute la surface au sol.

L’hygiène est compromise par la surpopulation et le mauvais état des installations sanitaires.

Un prisonnier en détention provisoire a déclaré à Amnesty International : « Notre cellule – le lieu où nous dormons – est l’endroit où nous urinons et allons aux toilettes. Nous n’avons aucune intimité. Nous devons utiliser le seau. »

Des prisonniers ont fait état de problèmes de santé tels que des maladies de peau, ainsi que de la difficulté d’obtenir une prise en charge rapide auprès des infirmeries, qui étaient surchargées et sous-équipées.

Le personnel comme les détenus se sont plaints du budget insuffisant alloué à l’alimentation de ces derniers.

« La récente décision du gouvernement d’augmenter les dépenses consacrées aux repas des prisonniers – de 0,60 à 1,80 cedi par jour par prisonnier – est une mesure opportune, mais il faut encore d’autres mesures pour améliorer les conditions », a ajouté James Welsh.

Les prisonniers sous le coup d’une condamnation à mort sont détenus dans des espaces distincts au sein d’un petit nombre d’établissements pénitentiaires. Pour les hommes, les cellules sont surpeuplées et les activités non autorisées, tandis que les quatre femmes condamnés à mort se sont plaintes de l’isolement car elles ne sont pas autorisées à fréquenter les autres détenus.

Le processus de révision de la Constitution en cours offre au gouvernement une occasion d’abolir la peine de mort et de rationaliser la situation des 138 prisonniers actuellement sous le coup d’une telle condamnation.

Pour rendre les prisons conformes aux obligations du Ghana découlant des traités, le gouvernement devra faire preuve d’engagement politique et d’action – il le faut de toute urgence, a insisté James Welsh.

« Le surpeuplement pourrait être réduit par un recours plus étendu aux peines non privatives de liberté telles que les amendes et les travaux d’intérêt général, en fixant toutefois les amendes à des niveaux réalistes. Le transfert de détenus vers la nouvelle prison d’Ankaful réduira la surpopulation mais n’y mettra pas fin. »

L’un des objectifs essentiels de la prison est la réinsertion – processus permettant que les prisonniers réintègrent la société en tant que citoyens réformés.

« Il existe des dispositifs de formation au sein du système carcéral, mais leur efficacité est réduite par les mauvaises conditions, le nombre limité d’activités proposées aux prisonniers et le manque de ressources », a précisé James Welsh.

L’une des clés de la réforme pénitentiaire est la surveillance régulière et le respect de l’obligation de rendre des comptes. Il est important que les prisonniers puissent parler à des organisations et des autorités de contrôles indépendantes – avocats, diplomates, observateurs des droits humains – et rompre l’isolement dans lequel ils sont maintenus.

Certains détenus ont affirmé à Amnesty International qu’ils n’avaient jamais parlé à quelqu’un sans que des gardiens soient présents.

« Le personnel pénitentiaire comme les prisonniers bénéficieraient à long terme d’une plus grande ouverture », a noté James Welsh.

L’administration pénitentiaire a beaucoup facilité les recherches d’Amnesty International, s’est félicité Lawrence Amesu, directeur d’Amnesty International Ghana et coauteur du rapport.

« Nous pensons que cet esprit coopératif fournira une base pour poursuivre le dialogue sur les droits humains dans les prisons. »

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