CÔTE D’IVOIRE. Trafigura est déclarée coupable de la tragédie provoquée par le déversement de déchets toxiques

ÉFAI - 23 juillet 2010

Amnesty International s’est félicitée ce vendredi 23 juillet 2010 du jugement de culpabilité rendu par un tribunal hollandais à l’encontre de la multinationale Trafigura, qui a acheminé des déchets dangereux à Amsterdam tout en occultant leur véritable nature, avant de les exporter vers la Côte d’Ivoire.

À l’aune de ce jugement, pour la première fois, Trafigura est tenue pour pénalement responsable d’avoir participé à l’exportation de déchets dangereux vers la Côte d’Ivoire.

« Cette décision paraît accablante, Trafigura ayant précédemment nié toute implication dans un quelconque acte illicite. Les déchets, finalement déversés en Côte d’Ivoire, ont eu des répercussions majeures sur la vie de dizaines de milliers de personnes, a expliqué Benedetta Lacey, conseillère spéciale d’Amnesty International qui s’est rendue en Côte d’Ivoire et s’est entretenue avec des victimes de cette tragédie.

« Si ce jugement constitue un grand pas en avant, l’histoire est loin d’être terminée pour les personnes concernées. Certaines questions demeurent sans réponse quant aux éventuelles conséquences du déversement de déchets toxiques pour la santé de la population. En outre, il reste à décontaminer totalement les zones où les déchets ont été déversés. »

Cette décision soulève également de graves questions quant aux manquements des autorités des Pays-Bas, qui auraient pu éviter la tragédie en empêchant les déchets de quitter le territoire hollandais. Ces interrogations demeurent sans réponse. Amnesty International analyse actuellement le texte intégral du jugement définitif.

En juillet 2006, Trafigura a déchargé d’un bateau à Amsterdam des déchets destinés à être éliminés. Toutefois, pour des raisons de coûts, ces déchets ont de nouveau été chargés et transportés jusqu’en Côte d’Ivoire.

Ils ont alors été déversés, en août 2006, en divers lieux de l’agglomération d’Abidjan. À la suite de cette opération, plus de 100 000 personnes avaient consulté un médecin en raison de différents problèmes de santé. Une quinzaine de décès avaient été signalés.

Le ministère public hollandais a mis l’accent sur les événements qui se sont déroulés aux Pays-Bas. Il semble qu’il n’ait pas pris en compte les répercussions de ce déversement en Côte d’Ivoire, ce qui illustre à quel point il est difficile de poursuivre des entreprises pour des agissements opérés à l’échelon international.

« La communauté internationale doit de toute urgence tirer les leçons de cet événement. Les États doivent faire davantage pour s’assurer que les multinationales respectent les droits humains, tant sur leur sol qu’à l’étranger », a conclu Benedetta Lacey.

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