Accusé de « terrorisme » pour des motifs politiques, un enseignant ouïghour est extradé vers la Chine

Un enseignant ouïghour est la cible d’accusations de terrorisme motivées par des considérations politiques en Chine parce qu’il a signalé une mort en détention, a indiqué Amnesty International mercredi 15 juin à la suite de l’extradition de cet homme depuis le Kazakhstan.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a confirmé mardi 14 juin qu’Ershidin Israil a été placé en détention sur la base d’accusations de terrorisme en tant que « suspect sérieux », même si les charges retenues n’ont pas été étayées.


« Il semble que le seul " crime " d’Ershidin Israil a été de faire état d’une violation des droits humains. Il ne vivait pas dans la clandestinité avant de fuir le pays et n’est semble-t-il devenu un " suspect sérieux " qu’après avoir révélé au monde la réalité de la torture dans les prisons chinoises »
, a déclaré Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Cela fait de lui un prisonnier d’opinion, arrêté pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression, et les autorités chinoises doivent le libérer. À l’heure actuelle, il risque fort de faire l’objet d’actes de torture et d’un procès inique. »

Ershidin Israil a fui la Chine à pied pour gagner le Kazakhstan en septembre 2009, quelques jours seulement après avoir accordé un entretien à un journaliste étranger au sujet de la mort en détention d’un jeune Ouïghour, Shohret Tursun, après les troubles de juillet 2009 à Ürümqi (Chine).

À la suite de l’entretien, les autorités chinoises ont émis un mandat d’arrêt visant cet homme ainsi que deux autres personnes impliquées dans la divulgation de cette mort en détention.

Le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au Kazakhstan a accordé le statut de réfugié à Ershidin Israil en mars 2010 et il devait être réinstallé en Suède le 1er avril 2010.

Il a cependant été placé en détention par les autorités kazakhes en avril 2010, puis officiellement arrêté en juin 2010. Il a été maintenu en détention jusqu’à son extradition cette année.

Le HCR a révoqué son statut de réfugié le 3 mai 2011, à la suite semble-t-il d’intenses pressions exercées par les autorités chinoises et kazakhes. L’agence des Nations Unies pour les réfugiés a refusé de révéler les raisons de cette décision.

Ershidin Israil aurait été remis aux autorités chinoises le 30 mai.

Des ressortissants chinois sont poursuivis et condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir fourni à des sources étrangères des informations considérées comme sensibles par les autorités chinoises.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit