Rapport annuel 2017

Jamaïque

Jamaïque
Chef de l’État : Elizabeth II, représentée par Patrick Linton Allen
Chef du gouvernement : Andrew Michael Holness (a remplacé Portia Simpson Miller en mars)

Cette année encore, des homicides illégaux et des exécutions extrajudiciaires ont été perpétrés. La situation en matière de violences faites aux femmes et de discrimination à l’égard des personnes LGBTI n’a pas connu d’amélioration notable. Les autorités ont continué à placer et maintenir des mineurs en détention sans respecter les normes internationales.

Contexte

Le Parti travailliste jamaïcain a remporté les élections législatives en février et Andrew Holness est devenu Premier ministre.

Bien que l’État se soit engagé à créer une institution spécialisée dans les droits humains, il ne l’avait pas encore fait à la fin de l’année.

La Jamaïque conservait l’un des taux d’homicides les plus élevés des Amériques.

Police et forces de sécurité

En juin, une commission d’enquête a publié un rapport très attendu sur des événements qui s’étaient déroulés à Kingston-Ouest pendant l’état d’urgence décrété le 23 mai 2010, et qui avaient fait au moins 69 morts. Dans ce document de près de 900 pages, la commission a recensé plusieurs cas d’exécutions extrajudiciaires présumées et a formulé des recommandations importantes pour réformer la police1.

Dans une réponse officielle, la police jamaïcaine a accepté un certain nombre de ces recommandations, notamment celle concernant l’ouverture d’enquêtes administratives sur les agissements des agents dont les noms sont cités dans le rapport. Cependant, elle a continué de nier toute responsabilité dans les violations des droits humains et les exécutions extrajudiciaires commises pendant l’état d’urgence. À la fin de l’année, le gouvernement n’avait pas encore indiqué officiellement comment il comptait mettre en œuvre les recommandations de la commission.

Bien que le nombre d’homicides commis par la police ait diminué ces dernières années, 111 personnes ont été tuées par des représentants des forces de l’ordre en 2016, contre 101 en 2015. Les femmes dont des proches avaient été tués par la police étaient victimes, de même que leurs familles, d’actes de harcèlement et de manœuvres d’intimidation généralisés de la part de policiers, et elles se heurtaient à de multiples obstacles lorsqu’elles souhaitaient obtenir justice, vérité et réparation.

Violences faites aux femmes et aux filles

Selon des ONG locales, la législation nationale visant à lutter contre les violences faites aux femmes demeurait insuffisante. La Loi relative aux infractions à caractère sexuel, par exemple, définissait encore le viol de manière extrêmement restreinte,comme étant la pénétration par un homme, au moyen de son pénis, du vagin d’une femme sans le consentement de cette dernière. De même, elle ne prévoyait une protection contre le viol conjugal que dans certaines circonstances. En décembre, plus de 470 femmes et filles avaient signalé avoir été violées au cours de l’année, selon la police.

Les travailleuses du sexe continuaient d’être considérées comme des délinquantes, ce qui les exposait à la discrimination, aux arrestations arbitraires et à des violences policières2.

Droits des enfants

L’ONG Jamaïcains pour la Justice a signalé que, cette année encore, des mineurs ont été maintenus en détention par la police, souvent pendant une durée supérieure à celle autorisée par la loi et dans des conditions inhumaines, parce qu’ils étaient considérés comme « incontrôlables ».

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexuées

La loi ne protégeait toujours pas contre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle ou l’identité de genre, réelles ou supposées. Faute de protection juridique, les jeunes LGBTI continuaient d’être victimes de brimades et de harcèlement. Les relations sexuelles entre hommes consentants demeuraient une infraction.

Entre janvier et juin, 23 personnes ont signalé à J-FLAG, une ONG de défense des droits des LGBTI, qu’elles avaient été victimes d’agressions physiques en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre réelles ou supposées.

Une enquête publiée par J-FLAG a mis en évidence des attitudes profondément homophobes. Il en est ressorti, entre autres, que seuls 36 % des Jamaïcains interrogés permettraient à leur enfant de rester vivre avec eux s’il était gay. En outre, près de 60 % des sondés ont déclaré qu’ils s’en prendraient à une personne LGBTI si celle-ci les abordait.

En juin, la procureure générale s’est servie des médias sociaux pour critiquer l’ambassade des États-Unis parce qu’un drapeau arc-en-ciel y avait été hissé après l’homicide de personnes LGBTI dans une discothèque d’Orlando (États-Unis).

En août, pour la deuxième année consécutive, J-FLAG a organisé des activités pour célébrer la Semaine des fiertés.

Justice internationale

À la fin de l’année, la Jamaïque n’avait toujours pas ratifié le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, signé en septembre 2000, ni adhéré à la Convention contre la torture et à la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.

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