Une lettre de Wroclaw contre les expulsions forcées

« Nous avons le sentiment de faire partie de cette ville. Nous n’avons nulle part où aller. »

8 avril 2013

Un groupe de familles roms est sur le point d’être expulsé par les autorités à Wroclaw, en Pologne. Aujourd’hui, leur voix est entendue. Des membres de la communauté ont écrit une lettre ouverte émouvante au maire de Wroclaw, lui demandant de réexaminer cette mesure d’expulsion, qui les jettera à la rue. Cette lettre a été reprise dans un journal national et en la rendant publique nous aussi, nous espérons que leur message sera encore plus largement relayé.

Monsieur le Maire,

Nous sollicitons votre aide et votre compréhension face à cette situation très grave. Nous avons reçu l’ordre d’évacuer les terrains de la rue Kamienskiego, mais c’est le centre de notre vie : nous n’avons pas d’autre maison. Nous vivons en Pologne depuis quelques années, certains d’entre nous depuis de nombreuses années. La plupart de nos enfants sont nés ici, la majorité à Wroclaw même. Nous ne parlons presque pas roumain, nous parlons polonais et rom. Quelques ONG organisent des classes pour les enfants deux fois par semaine, où ils apprennent à lire et écrire, et nous aimerions aussi qu’ils aillent à l’école normale.

Nous avons le sentiment de faire partie de cette ville. Nous n’avons nulle part où aller. Aussi nous vous demandons l’autorisation de nous laisser nous installer sur un autre site dans la ville.

Nous sommes conscients que certains de nos voisins de la rue Kamienskiego sont excédés, parce que nous sommes nombreux et que nous leur demandons souvent de l’aide. Cependant, nous avons un toit sur la tête et nos enfants ne connaissent pas la faim grâce à l’aide que nous recevons d’autres personnes.

Nous sollicitons votre aide face à une situation très difficile ; nous ne pouvons pas rentrer, il nous est totalement impossible de mener une vie normale en Roumanie. À vrai dire, nous ne souhaitons pas vivre de cette manière, mais nous n’avons pas d’éducation, pas de travail, pas de biens, alors il nous faut mendier de l’argent pour la nourriture, les médicaments et d’autres produits nécessaires à notre survie. Certains disent que nous possédons des voitures de valeur ; en fait, quelques familles ont de vieilles voitures, qui leur permettent de se déplacer d’un endroit à l’autre, mais c’est tout ce qu’elles possèdent.

Si vous avez un emploi à nous proposer, nous sommes preneurs. Nous voulons travailler au développement de la ville de Wroclaw. Donnez-nous une chance, s’il-vous-plaît. Nous voulons rester ici et nous intégrer dans cette ville, au sein de la société.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de notre haute considération.

Ita Stoica, Nicolai Stoica, Ion Ciurar, représentants de la communauté rom roumaine

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