Afrique du Sud : Toujours pas de justice pour les victimes du massacre de Marikana Uyanda Mabece

C’est ce qu’explique un ancien mineur-perforateur de la mine de Lonmin. Justin Kolobe, qui n’a pas voulu révéler sa véritable identité, était présent le 16 août 2012 lorsque des membres de la police sud-africaine ont ouvert le feu sur des mineurs grévistes à Marikana, tuant 34 d’entre eux.

Justin Kolobe était en première ligne du conflit salarial. Ce qu’il revendiquait : un salaire mensuel minimum de 12 500 rands.

La fusillade l’a laissé paralysé à vie et sans emploi. Cinq ans après, Justin Kolobe, tout comme les familles des mineurs qui ont été abattus par la police et les 70 autres personnes qui ont été blessées, attend toujours justice et réparation. Pour lui, il ne fait aucun doute que la responsabilité de l’absence de progression dans cette affaire incombe au gouvernement.

Justin Kolobe est convaincu que si les autorités avaient vraiment voulu que les responsabilités soient établies pour ces homicides, les hauts fonctionnaires et les policiers soupçonnés de responsabilité pénale auraient aujourd’hui déjà été jugés par un tribunal compétent.

« Le gouvernement doit décider de la suite des événements. Nous sommes dans le noir absolu sur tout », a-t-il indiqué à Amnesty International, depuis sa cabane en tôle ondulée dans le quartier informel de Nkaneng, où il vit avec sa famille.

Justin Kolobe a peu d’espoir que la justice soit rendue dans un avenir proche et son pessimisme est partagé par d’autres victimes des événements du 16 août 2012.

Une femme qui a perdu son mari pendant la fusillade a confié sa longue attente de justice pour pouvoir tourner la page. « C’est comme si on avait une blessure que quelqu’un n’arrêterait pas de toucher et de rendre à nouveau douloureuse. »

De nombreux rescapés et leurs familles sont en colère et frustrés par la lenteur de la justice et du lancement du processus de réparation pour les personnes touchées par la fusillade de Marikana. Beaucoup ont perdu un soutien de famille, un mari, un frère ou un fils bien-aimé. Ils demandent que les responsables répondent de leurs actes — ce à quoi ils ont pleinement droit en tant que victimes de violations des droits humains.

Mais ils ont été jusque-là abandonnés à leur sort par les autorités.

Le gouvernement était obligé d’enquêter sur les faits. Il a mis en place la Commission d’enquête sur le drame de Marikana chargée d’établir les circonstances de ces homicides, de rendre un rapport et de formuler des recommandations découlant de ses conclusions.

La Commission a recommandé une enquête complète afin de déterminer la responsabilité pénale des membres de la police sud-africaine impliqués dans les événements de Marikana.

Mais à ce jour, personne n’a été tenu de rendre des comptes.

Afin d’éviter la répétition de tels événements, il faut que les responsables des homicides de Marikana répondent de leurs actes devant la justice dans le cadre d’un procès équitable, et que les victimes et leurs familles bénéficient de réparations, y compris d’une indemnisation adéquate.

En l’absence d’enquête et de poursuites judiciaires pour ces crimes, l’impunité ne fera que se renforcer.

Uyanda Mabece est chargé de campagne pour l’Afrique australe à Amnesty International.

Publié dans The Mail And Guardian (Afrique du Sud) – N’hésitez pas à le publier sur vos sites web en l’attribuant à The Mail and Guardian et, bien sûr, n’hésitez pas à le partager sur les réseaux sociaux.

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