« La voix des femmes réfugiées doit être entendue » Par Monica Costa Riba, chargée de campagne sur les droits des femmes au Bureau régional Europe d’Amnesty International

Défendre les droits des femmes réfugiées et migrantes en Grèce a été une priorité d’Amnesty International ces deux dernières années

Nous œuvrons depuis longtemps en faveur des droits des personnes fuyant la guerre, les conflits et d’autres situations difficiles qui viennent en Europe dans l’espoir de trouver une protection.

Malheureusement, leurs rêves sont souvent brisés lorsqu’elles arrivent ici.

À l’issue de nos visites dans un certain nombre de camps de réfugiés, sur les îles grecques et sur le continent, il est apparu clairement que ces femmes étaient confrontées à des difficultés particulières nécessitant une réponse urgente. Nous avons donc décidé de rassembler des informations détaillées sur l’expérience des femmes réfugiées en Grèce.

Ce travail concerne autant les droits des femmes que les droits des réfugiés. Les droits de ces femmes sont bafoués quotidiennement, et nous devons faire en sorte que leur voix soit entendue et que leurs paroles suscitent des actions.

Travail de terrain en Grèce

Le rapport intitulé I want to decide about my future résulte d’un vaste travail de terrain mené en Grèce depuis mars 2017, au cours duquel nous avons recueilli des points de vue et des informations auprès d’une centaine de femmes et filles qui ont fui leur pays d’origine.

Nous les avons rencontrées dans des camps sur les îles de Lesbos et Samos, qui sont des « hotspots » (centres d’enregistrement) de l’UE, et nous avons parlé à des femmes à Athènes qui avaient séjourné dans le « hotspot » de Chios, un camp que nous avions visité précédemment.

Nous avons également eu des entrevues avec des organisations humanitaires (notamment le HCR et l’IOM), des ONG internationales et nationales et des organismes publics.

Travail plus large sur les réfugiés

Ce projet sur les femmes déracinées en Grèce s’inscrit dans le travail plus large d’Amnesty International pour faire respecter les droits des réfugiés en Europe.

Étant le premier point d’entrée en Europe pour de nombreuses personnes fuyant le conflit et la violence, la Grèce a été le théâtre d’une immense solidarité de la part de citoyens ordinaires, mais aussi le laboratoire des politiques migratoires cruelles de l’Union européenne. Depuis la fermeture de la route des Balkans et l’entrée en vigueur de l’accord UE-Turquie en mars 2016, nous avons observé l’impact de ces décisions européennes sur les réfugiés et les demandeurs d’asile arrivant en Grèce, dont l’écrasante majorité n’a d’autre choix que de rester dans ce pays.

Grâce à notre travail de recherche et de campagne, nous avons révélé leur calvaire. Nous nous sommes entretenus avec de nombreux réfugiés et demandeurs d’asile pour rassembler des informations sur les conditions de vie insupportables dans les camps provisoires créés pour répondre à une crise humanitaire totalement évitable.

Nous avons dénoncé la souffrance des familles déchirées par les politiques migratoires cruelles et leur combat pour être réunies. Nous avons tenté de montrer comment l’UE manque à ses obligations envers les personnes qui arrivent en Europe en quête de sécurité.

Par le biais de lettres de solidarité, d’appels aux autorités et d’histoires personnelles, nous avons voulu sensibiliser le public et rapprocher les gens au-delà des frontières pour obtenir des changements.

En 2017, des milliers d’appels nationaux et internationaux contre les conditions de vie dangereuses et intolérables de trois camps à Athènes ont abouti à la fermeture de ces sites à l’issue d’une consultation de leurs occupants au sujet de leurs besoins.

La campagne d’Amnesty International s’est appuyée sur les témoignages poignants de femmes qui ont parlé de leurs expériences extrêmement pénibles et avaient des revendications claires pour faire changer les choses.
Parallèlement, nous nous sommes efforcés de mettre en lumière et de soutenir les initiatives réconfortantes, à travers l’Europe, de personnes accueillant des réfugiés dans leur pays.

En partant du cas de Taibeh Abbasi, une jeune fille de 19 ans établie en Norvège qui risque d’être renvoyée très prochainement en Afghanistan, Amnesty International a également avancé des arguments forts en faveur de l’arrêt immédiat de toutes les expulsions vers ce pays déchiré par la guerre.

Monica Costa Riba, chargée de campagne, s’entretient avec Bibi, originaire d’Afghanistan, devant les camps d’Elliniko (aujourd’hui fermés), près d’Athènes, en mai 2017.

Dix revendications des femmes réfugiées

La plupart des femmes que nous avons rencontrées avaient traversé des épreuves terribles pour arriver en Grèce, où elles se sont souvent retrouvées dans des situations extrêmement difficiles dans des camps.

Leur force et leur résilience n’ont cessé de susciter notre admiration. Chacune d’entre elles mérite d’être remerciée infiniment pour avoir pris le temps de partager son expérience personnelle et son point de vue avec Amnesty International.

Une chose est sûre : ces femmes ne sont pas des victimes impuissantes. Elles ont souffert, certes, mais elles savent clairement ce qu’elles souhaitent et ce dont elles ont besoin. En outre, elles n’ont pas peur de demander ce qu’il leur faut si on leur en donne l’occasion.

Plusieurs femmes à qui nous avons parlé ont reçu une aide inestimable dans des centres réservés aux femmes, sur les îles comme à Athènes.

Lors de nos visites sur place, nous avons appris beaucoup des femmes assistant à des cours de langues et utilisant d’autres services dans ces centres, et nous avons constaté par nous-mêmes à quel point ce type d’initiatives peut renforcer l’autonomie des personnes qui en bénéficient.

Ces femmes ont des choses essentielles à dire sur leur situation souvent désastreuse – et sur ce qu’il faut faire pour qu’elles puissent commencer à reconstruire leur vie.

En s’appuyant sur nos recherches et sur nos conversations avec elles, nous avons donc établi dix revendications claires des femmes réfugiées en Grèce, adressées principalement aux responsables grecs et européens.
Il faut absolument que les détenteurs du pouvoir prennent en considération ce que les femmes et les filles réfugiées ont à dire.

Nous espérons que ce travail contribuera à leur combat visant à améliorer la situation pour elles-mêmes et pour les autres.

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