Nigeria, torture encore pratiquée par les forces de sécurité

Les autorités nigérianes doivent s’efforcer de mettre un terme à la pratique persistante de la torture et des autres formes de mauvais traitements par les organes chargés du maintien de l’ordre, a déclaré mercredi 26 juin 2019 Amnesty International en cette Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture.

Malgré les mesures récemment mises en place par le gouvernement pour réduire l’incidence de la torture dans le pays, Amnesty International Nigeria continue de recevoir régulièrement des informations faisant état d’actes de torture et d’autres mauvais traitements lors des gardes à vue par la police et l’armée. De surcroît, les victimes n’ont toujours pas obtenu justice, avec un système judiciaire national qui n’empêche pas ou ne sanctionne pas l’utilisation de la torture, perpétuant ainsi une culture de l’impunité.

« Bien que des mesures aient été prises pour lutter contre la torture au Nigeria, avec notamment l’adoption de l’Anti-Torture Act (loi contre la torture) en décembre 2017 et la mise en place du comité présidentiel relatif à la réforme de la Brigade spéciale de répression des vols (SARS), la pratique de la torture par la police et par d’autres services est encore répandue », a déclaré Osai Ojigho, directrice d’Amnesty International Nigeria.

« Les recherches que nous avons effectuées montrent également que, malgré l’existence de la législation contre le recours à la torture, aucun policier n’a été inculpé au titre de cette loi. De plus, la police nigériane doit encore modifier l’ordonnance 237 relative à l’usage de la force qui permet à la police de tirer sur tout suspect tentant de s’évader et qui rend possible l’usage de la force meurtrière, celle-ci pouvant parfois conduire à des exécutions extrajudiciaires ».

Le 5 mars 2018, une haute cour d’Ogidi, ville de la zone du gouvernement local d’Idemili Nord dans l’État d’Anambra, a ordonné à la police nigériane de verser des dommages et intérêts à Ugochukwu Oraefo pour extorsion de fonds, arrestation arbitraire, détention illégale et actes de torture dont il a été l’objet après son arrestation par des agents de la Brigade spéciale de répression des vols (SARS) d’Awkuzu dans l’État d’Anambra. Cependant, la police n’a ni versé d’indemnités à la victime ni fait en sorte que les policiers impliqués dans cette affaire soient traduits en justice.

Amnesty International avait dénoncé le fait que la torture et les mauvais traitements étaient monnaie courante surtout au sein de la SARS dans un rapport de 2016 intitulé : Nigeria. ’You Have Signed Your Death Warrant’. Toutefois, la torture perdure dans le pays. De temps à autre, des vidéos de policiers ou de soldats torturant des suspects font surface, suscitant l’indignation.

« Il est grand temps que les autorités nigérianes affirment avec fermeté que les membres des forces de sécurité devront rendre des comptes pour les actes de torture dont ils sont responsables et que les victimes obtiendront justice, notamment avec réadaptation et indemnisation », a déclaré Osai Ojigho.

La torture est interdite par le droit international.

Complément d’information

En 2018, des militants nigérians ont lancé une campagne nationale sur les réseaux sociaux #EndSARS, demandant que la Brigade spéciale de répression des vols (Special Anti-Robbery Squad-SARS), une unité spéciale de la police créée pour lutter contre des affaires de vol à main armée, cesse de recourir à la torture et à d’autres mauvais traitements. Les autorités policières ont réagi en reconnaissant que la SARS était responsable de multiples violations et en annonçant certaines réformes pendant que le gouvernement ordonnait à la Commission nationale des droits de l’homme de mettre en place un comité visant à enquêter sur les activités de la SARS.

Le comité a soumis son rapport en mai 2019.

Les résultats d’un sondage mené par Amnesty International en mai 2019 ont montré que 63 % des répondants estiment que la torture et les homicides illégaux commis par la police représentent les violations des droits humains les plus graves que le gouvernement doit s’efforcer de combattre.

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