Mexique, liberté d’expression et défense des droits humains en danger

Des mesures prises récemment par les autorités de plusieurs États mexicains mettent en danger la liberté d’expression et de réunion dans le pays, et elles risquent d’être le préambule à la répression pénale de la défense des droits humains, a déclaré le 29 juillet Amnesty International.

Dans l’État de Tabasco, des députés s’apprêtent à adopter une réforme qui incrimine les manifestations publiques. La réforme proposée prévoit de longues peines d’emprisonnement pour sanctionner les actes visant à s’opposer à un projet ou un ouvrage publics ou privés, et aussi pour les barrages installés sur des routes ou d’autres voies de communication.

« La réforme proposée dans l’État de Tabasco permettrait au gouvernement et à des intérêts privés d’imposer des mégaprojets sans que les populations concernées puissent réagir pour s’y opposer. Cela constitue une violation manifeste de la liberté d’expression au Mexique. De plus, elle réprimerait pénalement les personnes cherchant à exercer leur droit de réunion pacifique », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
 
L’organisation estime que ces dispositions sont rédigées en des termes tellement généraux que, dans les faits, elles annuleraient la capacité des personnes de se réunir et d’exprimer librement des opinions au sujet de projets approuvés par le gouvernement.
 
Ce type de texte a été utilisé au Mexique pour empêcher indûment des manifestations et pour réprimer pénalement des personnes qui défendent les droits humains.
 
Depuis 2016, le gouvernement fédéral utilise ce type d’incrimination pour réprimer pénalement des manifestants pacifiques qui s’opposent à un ouvrage de la Commission fédérale de l’électricité (CFE) à Cuetzalan, dans l’État de Puebla. Actuellement, la CFE utilise cette incrimination pour tenter de forcer la communauté concernée à accepter un ouvrage public.
 
D’autre part, le 26 juillet, des étudiants et d’autres personnes qui ont manifesté dans l’État de Jalisco contre l’augmentation annoncée des tarifs des transports publics, ont dénoncé l’intervention excessive des autorités, notamment un recours excessif à la force de la part de policiers. Plusieurs manifestants ont été frappés alors qu’ils ne mettaient, semble-t-il, personne en danger, et le rassemblement a été dispersé sans justification précise.
 
« Ces agissements soulignent la fragilité de l’exercice des droits humains au Mexique et le fait que les gouvernements n’ont pas la volonté politique de garantir pour les personnes la possibilité d’exprimer librement leur opposition à des projets ou à des politiques soutenues par les autorités », a déclaré Tania Reneaum, directrice d’Amnesty International Mexique.

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