Coupe du monde de la FIFA, lettre ouverte réclamant justice pour les travailleurs victimes de violations

Coupe du monde de la FIFA, lettre ouverte réclamant justice pour les travailleurs victimes de violations

La FIFA s’est vue remettre une lettre assortie d’une pétition ayant recueilli plus d’un million de signatures – plus de 23 500 en Belgique par la section belge francophone et flamande d’Amnesty International – lui demandant d’indemniser les travailleurs migrants victimes de terribles violations des droits humains dans le cadre de la préparation de la Coupe du monde de football 2022 au Qatar.

Ces documents ont été remis à la FIFA à la veille du Congrès annuel de l’organisation, qui se tiendra le 16 mars au Rwanda, auquel participera l’Union belge de football et au cours duquel certains membres de la FIFA feront pression afin qu’elle remédie à ces terribles abus. La pétition d’Avaaz et d’Amnesty International a recueilli un million de signatures dans 190 pays.

« Cette réunion offre une nouvelle occasion à la FIFA de faire amende honorable et d’établir un programme et un calendrier fermes en vue d’indemniser directement et rapidement les familles et les travailleurs·euses qui ont subi des violations choquantes des droits humains dans le cadre de la préparation d’une Coupe du monde fondée sur leurs sacrifices, a déclaré Steve Cockburn, responsable du programme Justice sociale et économique à Amnesty International.

« Ils ont subi de terribles violations pour contribuer à organiser une Coupe du monde qui a rapporté des milliards de dollars à la FIFA, mais dont le coût humain se chiffre en familles endettées et endeuillées. Si rien ne peut remplacer la perte d’un être cher, il ne fait aucun doute que la FIFA dispose des ressources nécessaires pour réparer ces injustices et apporter une aide qui changera la vie des travailleurs·euses et de leurs familles. »

Bieta Andemariam, directrice juridique d’Avaaz, a déclaré : « Notre lettre a le soutien de plus d’un million de signatures recueillies dans plus de 190 pays. Dans le monde entier, la population reconnaît la grave injustice commise à l’encontre de ces travailleurs·euses et se rassemble pour exiger que la FIFA prélève une fraction des milliards de dollars engrangés grâce à la sueur, au sang et à la vie de centaines de milliers de ces victimes – et leur donne tout simplement, ainsi qu’à leurs familles, ce qui leur est dû. »

Les maillots spécialement conçus pour l’occasion, présentés au musée officiel de la FIFA à Zurich, en Suisse, rappellent les bleus de travail et les gilets jaunes portés par de nombreux travailleurs migrants qui ont été victimes d’atteintes à leurs droits lorsqu’ils ont construit les stades et infrastructures, et fourni des services.

« Nous avons présenté les maillots de foot au musée de la FIFA à Zurich pour demander que la Fédération reconnaisse le sacrifice des travailleurs·euses migrants et fasse droit à leurs demandes d’indemnisation encore en attente », a déclaré Steve Cockburn.

À la veille de la Coupe du monde en novembre 2022, la FIFA s’est engagée à créer un fonds d’héritage [1], mais pas à l’utiliser pour leur apporter un soutien direct. À ce jour, elle n’a apporté aucune précision sur la manière dont sera géré ce fonds.

La lettre ouverte, adressée au président de la FIFA Gianni Infantino, lui demande d’utiliser le fonds d’héritage afin d’indemniser directement les travailleurs·euses ou leurs familles et de collaborer avec le Qatar pour faire en sorte que son système d’indemnisation soit accessible à distance, pour ceux qui ont déjà quitté le pays et pour les familles de ceux qui sont morts.

La Fédération norvégienne de football, appuyée par plusieurs autres fédérations nationales a programmé une discussion lors du Congrès annuel et proposé que la FIFA garantisse « la mise en œuvre pleine et entière de ses engagements en faveur des droits humains, notamment en termes de réparations ». Elle a appelé la FIFA à déterminer si elle s’est acquittée de ses obligations en termes de réparations dans le cadre de la Coupe du monde 2022, y compris en diligentant une enquête sur les décès et les blessures liés au tournoi.

« Il est temps que la FIFA s’acquitte de ses responsabilités au lieu de se contenter de rejeter la faute sur le Qatar. Il est plus que temps que les dirigeants du football fassent une promesse claire aux victimes d’atteintes aux droits humains », a déclaré Steve Cockburn.

Complément d’information

Après que la FIFA a accordé au Qatar l’organisation de la Coupe du monde en 2010, des centaines de milliers de travailleuses et travailleurs migrants ont versé des frais de recrutement illégaux, n’ont pas perçu leurs salaires, voire ont perdu la vie en œuvrant à rendre ce tournoi possible. Depuis quelques années, le Qatar a adopté une série de réformes du droit du travail visant à améliorer les conditions, mais elles sont peu appliquées et les violations perdurent à grande échelle. En 2018, le Qatar a créé un fonds d’indemnisation pour les travailleurs·euses en mesure d’obtenir une décision de justice attestant que des salaires impayés leur étaient dus ; toutefois, ce dispositif demeure difficilement accessible pour l’immense majorité de ceux qui ont déjà quitté le pays, ou pour les familles qui ont perdu un être cher.

Du fait de l’absence d’investigations sur les causes des décès, le véritable impact de l’extrême chaleur et des conditions de travail exténuantes au Qatar ne sera jamais entièrement connu, mais les recherches indiquent que plusieurs centaines de travailleuses et travailleurs au moins – sur des projets liés à la Coupe du monde ou non – sont susceptibles d’être décédé·es de causes liées au travail depuis 2010.

Depuis mai 2022, une coalition d’organisations fait campagne pour mettre en place des réparations et des recours pour les victimes de violations. Cet appel emporte le soutien de plus d’une dizaine d’associations nationales de football et de quatre sponsors de la Coupe du monde de la FIFA, tandis qu’un sondage d’opinion réalisé dans 15 pays – dont la Belgique – a montré que 84 % des personnes désireuses de regarder les matchs étaient favorables à cette proposition.

En décembre 2022, Gianni Infantino a annoncé que la FIFA avait gagné 7 milliards de dollars grâce au « cycle de la Coupe du monde 2022 », soit environ un milliard de plus que prévu.

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