YEMEN. L’Arabie saoudite doit aider les personnes fuyant les affrontements faisant rage dans la région de Saada

Communiqué de presse

ÉFAI-
Jeudi 17 septembre 2009

Il ne faut pas que l’Arabie saoudite ferme ses frontières aux personnes fuyant le conflit dont la région de Saada (Yémen) est le théâtre, a déclaré Amnesty International ce 17 septembre dans une lettre adressée au ministre de l’Intérieur.

La demande de l’organisation survient alors que circulent des informations indiquant que des personnes se sont vu interdire de pénétrer sur le territoire saoudien et que d’autres ont été renvoyées contre leur gré dans la zone de conflit, où les forces gouvernementales ont selon certaines sources effectué mercredi 16 septembre un bombardement qui aurait fait près de 80 morts.

« La région de Saada a été en grande partie rendue inaccessible au monde extérieur par les forces yéménites depuis le début de l’intensification des combats entre troupes gouvernementales et rebelles chiites zaïdites armés, en août dernier, mais il apparaît clairement que ce sont les civils qui paient le plus lourd tribut au conflit », a déploré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Des dizaines, peut-être même des centaines de civils ont déjà été tués et pour beaucoup désormais, fuir en Arabie saoudite représente le seul moyen de se mettre à l’abri. Il faut leur permettre d’entrer en Arabie saoudite et de bénéficier d’une protection adéquate. »

À l’heure actuelle, la situation dans la zone frontalière entre la région de Saada, au Yémen, et l’Arabie saoudite n’est pas claire. Des informations relayées par les médias donnent à entendre qu’une douzaine de personnes issues d’une même famille yéménite ayant gagné l’Arabie saoudite à la fin août ont été reconduites toutes ensemble à la frontière et que d’autres auraient été empêchées de pénétrer sur le territoire saoudien.

L’Arabie saoudite n’est jamais devenue partie au principal traité des Nations unies relatif au traitement des réfugiées.

Elle est cependant tenue, au titre du droit international, de s’abstenir de chasser les personnes en quête d’asile que ce soit en fermant ses frontières ou en renvoyant ces personnes de son territoire contre leur gré s’il existe un risque important qu’elles soient victimes d’atteintes aux droits fondamentaux.

« Si les autorités saoudiennes ont joué un rôle positif en aidant à acheminer une aide humanitaire aux civils assiégés dans le gouvernorat de Saada, elles ne doivent procéder au retour forcé d’aucune personne cherchant à se mettre à l’abri », a poursuivi Malcolm Smart.

La région de Saada, au Yémen, dont les habitants sont pour la plupart membres de la minorité chiite zaïdite du Yémen, a connu plusieurs périodes de conflit ces dernières années, prenant la forme d’affrontements armés entre forces gouvernementales de sécurité et partisans d’Hussein al Houthi, membre du clergé chiite zaïdite tué en 2004.

La dernière flambée de violence en date se poursuit depuis la mi-août, époque à laquelle la zone a quasiment été placée en état d’urgence et les forces gouvernementales ont mené une série d’attaques toujours plus violentes, dont des bombardements visant des villages et des villes, dans le but semble-t-il d’écraser les rebelles partisans d’Hussein al Houthi.

Le droit international humanitaire interdit expressément les attaques visant directement les civils, ainsi que les attaques aveugles et disproportionnées. Le gouvernement yéménite et les insurgés armés se réclamant d’Hussein al Houthi sont légalement tenus de respecter le droit international humanitaire et doivent faire en sorte que leurs combattants se gardent de se livrer à de telles attaques, qui sont illégales.

« Les autorités yéménites doivent mener dans les meilleurs délais des enquêtes approfondies sur l’ensemble des allégations de violations graves imputées à leurs forces armées, dont le bombardement de mercredi 16 septembre qui aurait fait de nombreux morts parmi la population civile dans le village d’Adi, situé dans la zone d’Harf Sufyan de la province d’Amran, près de Saada », a conclu Malcolm Smart.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit