Yémen : Il faut enquêter sur le réseau de torture aux Émirats arabes unis et l’implication éventuelle des États-Unis

À la suite de l’enquête menée par l’agence Associated Press, selon laquelle les Émirats arabes unis et les forces de sécurité alliées yéménites détiennent de manière arbitraire et torturent des prisonniers, également interrogés par des militaires américains dans le cadre d’un réseau de prisons secrètes dans le sud du Yémen, Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :

« Il convient de diligenter sans délai une enquête sous l’égide de l’ONU sur le rôle des Émirats arabes unis et d’autres parties dans la mise en place de ce réseau de la torture. Des milliers d’hommes yéménites disparaissent dans les méandres de ce réseau. La torture et la disparition forcée sont des crimes au regard du droit international. Ils doivent faire l’objet d’une enquête et les responsables doivent être amenés à rendre compte de leurs actes.

« Les allégations selon lesquelles les forces américaines prennent part aux interrogatoires de détenus ou reçoivent des informations qui ont pu être extorquées sous la torture doivent aussi faire l’objet d’investigations, car les États-Unis pourraient se rendre complices de crimes relevant du droit international. Étant donné la pratique de la torture aux Émirats arabes unis, qu’Amnesty International a régulièrement dénoncée par le passé, il est difficile de croire que les États-Unis ne savaient pas ou n’auraient pas pu savoir qu’il existait un réel risque de torture.

« Les Émirats arabes unis sont tenus de respecter la Convention de l’ONU contre la torture, qu’ils ont ratifiée en 2012. En tant que signataires du Traité mondial sur le commerce des armes (TCA), ils doivent aussi s’abstenir d’actes qui vont à l’encontre des objectifs de ce traité, notamment la réduction de la souffrance humaine.

« En outre, les États-Unis et les États européens doivent immédiatement stopper les transferts d’armes à destination des Émirats arabes unis, car la probabilité est forte qu’elles ne servent à faciliter des disparitions forcées, des actes de torture ou de graves violations du droit international humanitaire. Dans le cas contraire, les fournisseurs d’armes pourraient se rendre complices de crimes de guerre. »

Complément d’information

Les Émirats arabes unis sont un acteur clé de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen. On sait qu’ils fournissent des équipements militaires, des formations et un soutien logistique aux forces de sécurité yéménites, qui sont accusées de violations graves du droit international, à Aden et al Mukalla.

Parallèlement, les États-Unis et les États d’Europe occidentale continuent de fournir des quantités importantes d’équipement militaire aux Émirats arabes unis, qui comptent parmi les cinq principaux importateurs d’armement du monde.

En continuant de fournir des armes aux Émirats arabes unis et aux partenaires de la coalition pour être utilisées au Yémen, les fournisseurs d’armes qui sont parties au TCA risquent d’enfreindre des dispositions majeures de ce traité en matière de droits humains.

Amnesty International a demandé à maintes reprises un embargo global sur les transferts d’armes qui pourraient être utilisées par l’une ou l’autre des parties au conflit au Yémen, s’il reste un risque substantiel que ces armes servent à commettre ou faciliter des crimes de guerre ou autres graves violations.

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