Viêt-Nam, une défenseure des droits humains arrêtée et inculpée

Vietnam Nguyen Thuy Hanh

Nguyen Thuy Hanh, défenseure vietnamienne des droits humains, a été arrêtée arbitrairement par la police le matin du 7 avril à Hanoï.

« L’arrestation de Nguyen Thuy Hanh est une tentative flagrante de réduire au silence l’une des défenseures des droits humains les plus respectées du pays. Cette manœuvre est motivée par des considérations politiques », a déclaré Ming Yu Hah, directrice régionale adjointe pour le travail de campagne à Amnesty International.

« Nguyen Thuy Hanh est une militante qui nous inspire. Elle mène un travail inlassable afin de soutenir des personnes incarcérées de manière injuste au Viêt-Nam. Malgré les violences policières et des années de harcèlement, elle n’a jamais abandonné sa mission visant à aider et soutenir des personnes se trouvant dans des situations désespérées.

« Les prisons vietnamiennes sont notoirement surpeuplées, et ne sont pas conformes aux normes internationales minimales en la matière. Le fait que Nguyen Thuy Hanh soit prise pour cible en raison de son travail humanitaire visant à aider des détenu·e·s incarcérés à tort est un scandale. Elle doit être célébrée et soutenue pour son travail - et non pas sanctionnée.

« Nguyen Thuy Hanh est une militante qui nous inspire. Elle mène un travail inlassable afin de soutenir des personnes incarcérées de manière injuste au Viêt-Nam »

« Nous exhortons les autorités vietnamiennes à libérer Nguyen Thuy Hanh immédiatement et sans condition, et à mettre fin à leurs attaques constantes contre les défenseur·e·s des droits humains et les opposant·e·s pacifiques. Les autorités doivent respecter, protéger, promouvoir et concrétiser les droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association. »

Complément d’information

Nguyen Thuy Hanh est une défenseure des droits humains de Hanoï. En 2017, elle a créé le 50K Fund, par le biais duquel elle a recueilli des fonds afin de soutenir les familles de personnes injustement maintenues en détention à travers le Viêt-Nam.

Elle a été arrêtée le 7 avril 2021 et inculpée, au titre de l’Article 117 du Code pénal, de fabrication, conservation ou dissémination d’informations, de documents ou de biens ayant pour objet de s’opposer à la République socialiste du Viêt-Nam, une infraction est passible d’une peine de cinq à 20 ans de prison.

Nguyen Thuy Hanh est également une ardente défenseure des droits humains, et aborde fréquemment des questions relatives aux droits fondamentaux sur sa page Facebook, qui est très suivie. Elle a été harcelée à diverses reprises, en représailles à son action pacifique en faveur des droits humains.

Nguyen Thuy Hanh s’est présentée comme candidate indépendante aux élections législatives de 2016 à Hanoï. Depuis lors, elle a été victime de harcèlement et d’actes d’intimidation à de nombreuses occasions. Amnesty International a récemment demandé aux autorités vietnamiennes de mettre fin à la répression croissante visant les candidat·e·s indépendants et d’autres voix critiques à l’approche des élections législatives de 2021.

En janvier 2020, quand des policiers ont effectué une descente dans le village de Dong Tam, à Hanoï, déclenchant des affrontements meurtriers, Nguyen Thuy Hanh a collecté des fonds pour la famille d’un dirigeant du village tué par les forces de sécurité. En représailles, son compte en banque a été gelé, et sa banque aurait déclaré à Nguyen Thuy Hanh que la police l’avait forcée à le faire.

En juin 2018, alors qu’elle participait à une manifestation non violente contre la Loi relative à la cybersécurité et la Loi relative aux zones économiques spéciales, Nguyen Thuy Hanh a été arrêtée par la police. Elle a plus tard déclaré avoir été rouée de coups et blessée au visage durant son interrogatoire. La police a également questionné Nguyen Thuy Hanh à de nombreuses reprises au sujet de son travail relatif au 50K Fund.

Les prisonniers et prisonnières d’opinion, et d’autres personnes détenues pour des motifs politiques sont souvent soumis à des formes graves de mauvais traitements dans les prisons vietnamiennes. Ils sont régulièrement incarcérés dans des prisons situées loin de la province où ils vivent ; il est alors difficile pour leurs proches de leur rendre visite, compte tenu des contraintes financières que cela représente. Nguyen Thuy Hanh, par le biais du 50K Fund, a aidé de nombreuses familles de détenu·e·s à leur rendre visite en prison et donc à évaluer la situation de leur proche sur place.

Le rapport qu’Amnesty International a consacré à la question en 2016, intitulé Prisons Within Prisons, a dénoncé le recours généralisé à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements contre les prisonniers et prisonnières d’opinion au Viêt-Nam.

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