Un verdict injuste et absurde s’abat sur Ahmed Samir Santawy

Ce lundi, Ahmed Samir Santawy, étudiant en master de sociologie et d’anthropologie à l’Université d’Europe centrale de Vienne, a été condamné à trois ans d’emprisonnement en Égypte. Injustement détenu depuis 17 mois, il est accusé d’avoir diffusé des messages critiques envers les autorités égyptiennes sur Facebook. Cette verdict est tombé le jour même de son 31e anniversaire.

« Il s’agit là d’une terrible nouvelle pour Ahmed Samir, mais également pour sa famille, ses proches et sa compagne, Souheila, qui n’espérait rien tant que l’embrasser à nouveau le jour de son anniversaire, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. Cette condamnation est une farce cruelle, totalement contraire aux droits humains. Ahmed Samir aurait dû être acquitté et libéré immédiatement et sans condition. »

Le procès et la condamnation dont est victime Ahmed Samir Santawy sont représentatifs de la répression féroce et continue exercée par les autorités égyptiennes à l’encontre de toute forme de dissidence (réelle ou perçue comme telle), ainsi que du climat répressif dans lequel sont condamné·es à travailler les chercheur·euses et les universitaires en Égypte.

« Ahmed Samir aurait dû être acquitté et libéré immédiatement et sans condition »

« Ahmed Samir est à nouveau condamné pour avoir diffusé de soi-disant “fausses informations“. En réalité, il s’agit de posts sur Facebook critiquant les violations des droits humains dans les prisons égyptiennes et la mauvaise gestion par l’État de la pandémie de COVID-19, indique Philippe Hensmans. Il est par ailleurs à noter qu’Ahmed Samir nie avoir écrit ces messages. Et quand bien même il en serait l’auteur, cela n’aurait aucune importance étant donné qu’ils relèvent du droit à la liberté d’expression protégé par le droit international des droits humains et par la constitution égyptienne. »

Cette condamnation montre à quel point les récentes tentatives de l’Égypte pour améliorer son image désastreuse en matière de respect des droits humains ne sont que de la poudre aux yeux, estime l’organisation de défense des droits humains. Des milliers d’universitaires, de défenseur·es des droits humains, de militant·es, de membres de l’opposition et d’autres voix dissidentes sont aujourd’hui encore détenu·es dans le pays sur base d’accusations absurdes.

Depuis son arrestation en janvier 2021, Amnesty International n’a cessé de mener campagne en faveur d’Ahmed Samir Santawy. Près de 30 000 personnes en Belgique ont signé la pétition de l’organisation de défense des droits humains demandant la libération immédiate et sans condition de l’étudiant, demande également exprimée à plusieurs reprises par la société civile et le monde universitaire belges.

« Les autorités égyptiennes peuvent être sûres d’une chose : Amnesty International continuera de se mobiliser jusqu’à ce qu’Ahmed Samir soit libéré. Face à l’impossibilité de faire appel de la décision du tribunal d’exception qui a prononcé ce jugement, nous réitérons notre appel au président al Sissi pour qu’il annule ce verdict injuste et absurde », conclut Philippe Hensmans.

Complément d’information

Ahmed Samir Santawy est chercheur et étudiant en master de sociologie et d’anthropologie à l’Université d’Europe centrale de Vienne. Il est détenu arbitrairement en Égypte depuis le 1er février 2021, où il passait ses vacances.

Après son arrestation, Ahmed Samir a été soumis à une disparition forcée pendant 5 jours. Au cours de cette période, il aurait selon ses déclarations été frappé, giflé et aurait reçu des coups de poing au ventre notamment, alors qu’il était menotté et avait les yeux bandés. Ce n’est que le 6 février qu’Ahmed Samir a été présenté au service du procureur général de la sûreté de l’État pour être interrogé.

Le 22 juin 2021, un tribunal d’exception de la cour de sûreté de l’État a reconnu Ahmed Samir Santawy coupable de « publication de fausses informations visant à porter atteinte à l’État, à ses intérêts nationaux et à l’ordre public, et à répandre la panique dans la population » et l’a condamné à quatre ans de prison. Amnesty International a fait état de la manière dont les procédures qui se tiennent devant ces tribunaux sont intrinsèquement iniques. Leurs décisions ne sont pas susceptibles d’appel et sont seulement soumises à autorisation par le président pour devenir définitives.

En juin 2021, pour protester contre cette condamnation injuste, Ahmed Samir a entamé une grève de la faim pendant 40 jours.

Le 28 janvier 2022, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a jugé que le gouvernement égyptien détenait arbitrairement Ahmed Samir Santawy, en violation du droit international des droits humains.

À la mi-février 2022, suite à l’annonce du fait que le président al Sissi n’avait pas ratifié la condamnation prononcée par la Cour de sûreté de l’État, un nouveau procès a été ordonné. Malgré la levée de l’état d’urgence en Égypte, ce nouveau procès a également eu lieu devant une tribunal d’exception de la cour de sûreté de l’État, rendant de nouveau impossible tout recours en appel.

Ahmed et sa fiancée Souheila Yildiz avaient prévu de s’installer à Gand et de s’y marier après l’obtention du diplôme d’Ahmed en juin 2021. Il·elles se sont rencontré·es en Égypte lorsque Souheila y résidait avec sa mère et ses sœurs.

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