Une enquête indépendante doit être ouverte sur la mort d’un détenu à Guantánamo

19 mai 2011

L’armée américaine doit permettre qu’une enquête indépendante soit effectuée par des civils sur la mort d’un détenu à la base navale américaine de Guantánamo à Cuba, a déclaré Amnesty International jeudi 19 mai.

Les autorités militaires américaines ont annoncé que des gardiens du centre de détention ont trouvé le corps d’Inayatollah, un Afghan de 37 ans, mercredi 18 mai. Il était « sans réaction et ne respirait pas », à la suite de ce que les gardiens estiment être « un suicide, vraisemblablement ».

Le service des enquêtes criminelles de la marine a ouvert une enquête afin de déterminer les circonstances et la cause de la mort.

« Les enquêtes précédemment menées par ce service sur des décès de détenus se sont caractérisées par un manque d’indépendance et de transparence  », a déclaré Susan Lee, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

D’après le Pentagone, Inayatollah a été transféré à Guantánamo en septembre 2007 ; il est l’un des derniers détenus arrivés à la base. Dans un communiqué de presse de 2007 annonçant son transfert, les autorités militaires ont affirmé qu’il avait été emmené sur la base navale en raison de sa « position élevée au sein d’Al Qaïda ». Il était incarcéré à Guantánamo depuis près de quatre ans sans inculpation ni jugement.

À la connaissance d’Amnesty International, huit hommes sont morts à Guantánamo depuis les premiers transferts dans le centre de détention, en janvier 2002. D’après les autorités militaires américaines, six d’entre eux se sont suicidés et deux sont morts de causes naturelles.

En juin 2006, les autorités américaines ont annoncé la mort de Manei bin Shaman al Otaybi et Yasser Talal al Zahrani, ressortissants saoudiens, et du Yéménite Salah Ahmed al Salami, qui se seraient suicidés. Le décès du Saoudien Abdul Rahman Maath Thafir al Amri a été prononcé après que celui-ci se fut semble-t-il donné la mort en mai 2007, et en juin 2009, le département américain de la Défense a fait savoir que Mohammed Ahmed Abdullah Saleh al Hanashi, ressortissant yéménite, s’était suicidé. De nombreux autres auraient fait des tentatives de suicide dans le centre de détention.

Abdul Razzak et Awal Gul, deux Afghans, sont morts de causes naturelles alors qu’ils se trouvaient à Guantánamo, en 2008 et 2011 respectivement.


« La famille d’Inayatollah doit obtenir des informations complètes sur son décès, ainsi que sur l’enquête et toutes autres mesures prises par la suite »
, a poursuivi Susan Lee.


« Les familles de ceux qui sont morts à Guantánamo doivent par ailleurs pouvoir demander des réparations, une indemnisation notamment, pour toutes les atteintes aux droits fondamentaux que leur proche a pu subir au cours de ses années de détention sous le contrôle des États-Unis, telles que la détention arbitraire, la torture et d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. »

Amnesty International continue à exhorter les États-Unis à traduire les personnes se trouvant encore en détention à Guantánamo devant des tribunaux indépendants afin qu’elles bénéficient d’un procès équitable, ou bien de les relâcher.

Pour en savoir plus

Guantánamo. Les dossiers divulgués soulignent l’importance de procès équitables et de l’obligation de rendre des comptes (communiqué de presse, 26 avril 2011)

USA : Abandon military commissions, end indefinite detention without criminal trial (Appel à l’action, 30 avril 2010)

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