Une communauté indigène d’Argentine fait face à la menace d’une expulsion

Les autorités argentines ne doivent pas expulser des familles indigènes de chez elles, a déclaré Amnesty International mardi 7 juin, alors que 30 personnes risquent de perdre leur domicile en raison d’un litige foncier dans le nord-ouest du pays.

Le 30 mai, un juge de San Miguel de Tucumán a rejeté un recours formé par les membres de la communauté indigène Quilmes souhaitant faire annuler une décision concernant l’expulsion de quatre familles dans le village de Colalao del Valle (province de Tucumán).

Ces familles – qui comptent notamment 10 enfants – vivent sur un terrain de quatre hectares dans ce village, que revendique également une entreprise locale, Comunidad Aráoz Hermanos.


« Notre communauté a des problèmes depuis de nombreuses années, depuis toujours »
, a déclaré Francisco « Pancho » Solano Chaile, le chef élu de la communauté indigène Quilmes.

« [Les autorités] nous ont expulsés à de nombreuses reprises, mais nous nous organisons depuis quelque temps, afin de reprendre le contrôle de nos terres ancestrales qui sont aux mains de tierces parties – des intérêts extérieurs, qui ne sont pas d’ici. Ils bénéficient d’un soutien politique plus marqué que par le passé et nous nous retrouvons encerclés. »

Les avocats de la communauté ont officiellement porté plainte contre le juge le 1er juin, l’accusant d’« avoir manqué aux devoirs qui sont les siens » et d’avoir rendu une décision arbitraire en faveur de l’entreprise.

Des membres de la communauté ont précédemment été expulsés de ces terres en septembre 2009 et en janvier 2010, mais ont à chaque fois réintégré leur logement de manière pacifique quelques jours plus tard.

Des affrontements ont éclaté lorsque des policiers et un juge local ont tenté de procéder à une nouvelle expulsion le 29 avril 2011 ; plusieurs résidents et policiers ont été blessés.

Deux lois interdisent actuellement l’expulsion forcée de communautés indigènes en Argentine jusqu’en novembre 2013, époque à laquelle le gouvernement fédéral devrait avoir terminé une étude visant à définir les contours des territoires indigènes à l’échelle nationale. Plusieurs communautés indigènes risquent cependant d’être victimes d’expulsions forcées dans la province de Tucumán, et des dirigeants communautaires ont été agressés, voire tués, pour avoir défendu des territoires qu’ils affirment être les leurs.


« Quel est l’intérêt d’avoir une législation nationale protégeant les droits des personnes indigènes si les autorités ne les respectent pas ? »
, a demandé Guadalupe Marengo, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International.

« Les peuples indigènes ont suffisamment souffert en Argentine et dans la région, et il est temps que les violations dont ils sont victimes cessent. »

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