Un rescapé d’un attentat est détenu par les autorités

Les autorités bangladaises doivent immédiatement établir ce qui est advenu d’un otage ayant réchappé à l’attaque ayant récemment eu lieu à Dacca dans un restaurant, car cet homme manque à l’appel depuis qu’il a été emmené par des policiers pour un interrogatoire il y a une dizaine de jours, a déclaré Amnesty International mardi 12 juillet.

Le sort réservé à Hasnat Karim suscite de vives inquiétudes. Cet homme s’était retrouvé bloqué au restaurant Holey Bakery de Dacca avec son épouse et leurs deux enfants le 1er juillet lorsque des hommes armés ont attaqué et tué plus de 20 personnes.

Les membres de cette famille ont été placés en garde à vue par des policiers le 2 juillet pour être interrogés, et tous sauf Hasnat Karim ont recouvré la liberté le lendemain.

«  Il faut indiquer de toute urgence à la famille d’Hasnat Karim s’il se trouve toujours sous la garde des autorités bangladaises et, si tel est le cas, l’autoriser à être en contact avec le monde extérieur. Ils ont déjà connu un traumatisme, et cette disparition forcée prolonge l’épreuve qu’ils ont vécue  » a déclaré Champa Patel, directrice pour la région de l’Asie du Sud à Amnesty International.

« La réaction arbitraire des autorités bangladaises dans le cas d’Hasnat Karim risque de compromettre encore davantage la confiance des citoyens quant à la capacité du gouvernement à défendre leurs droits à la vie et à la liberté. Les victimes de l’attaque du 1er juillet méritent d’obtenir justice. Si Hasnat Karim est un témoin ou un suspect, il doit bénéficier des garanties d’une procédure régulière, quels que soient les faits qu’on l’accuse d’avoir commis. »

Les autorités bangladaises ont fait des déclarations contradictoires sur ce qui est arrivé à Hasnat Karim. Le 10 juillet, Maudur Rahman, chef adjoint de la police à Dacca, a affirmé qu’Hasnat Karim avait été remis en liberté quatre jours auparavant. Ces propos contredisent directement des informations transmises à la famille par la section d’enquête de la police le 9 juillet, selon lesquelles Hasnat Karim se trouvait encore en garde à vue.

« Les affirmations contradictoires faites dans le cadre de cette affaire exacerbent assurément les inquiétudes. Si les autorités maintiennent effectivement Hasnat Karim en détention, alors elles doivent le relâcher immédiatement ou le présenter devant une autorité judiciaire pour que d’éventuelles charges puissent être retenues contre lui », a déclaré Champa Patel.

Sa famille est par ailleurs inquiète au sujet de sa santé. Il souffre d’une pathologie cardiaque et doit suivre un traitement régulier.

« Les craintes de la famille d’Hasnat Karim ne doivent pas rester sans réponse. Le bilan des autorités bangladaises en matière de respect des droits humains en détention est mauvais. On leur attribue des violations parmi lesquelles des actes de torture et d’autres formes de mauvais traitements, ayant souvent pour but d’obtenir des "aveux", et des privations de soins médicaux  », a déclaré Champa Patel.

Complément d’information

Les disparitions forcées portent atteinte au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, auxquels le Bangladesh est un État partie, et constituent un crime de droit international.

Une personne est victime de disparition forcée lorsque des agents de l’État l’arrêtent ou l’enlèvent, mais refusent ensuite de reconnaître la privation de liberté de cette personne ou dissimulent où elle se trouve ou ce qui lui est arrivé. Ce faisant, ils la soustraient à la protection de la loi.

Une fois loin des regards, les victimes de disparitions forcées risquent la torture, d’autres formes de mauvais traitements, et la mort.

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