Un militant harcelé par les autorités

Il faut que les autorités zimbabwéennes abandonnent toutes les charges sous-tendues par des considérations politiques qui pèsent sur Evan Mawarire et cessent d’user du système judiciaire pour le harceler et tenter de l’intimider en raison de ses activités militantes, ont déclaré Amnesty International et CIVICUS mercredi 8 février, après que la Haute Cour siégeant à Harare a accordé à cet homme une libération sous caution et a ordonné qu’il soit remis en liberté le 9 février.

Evan Mawarire a été arrêté à son retour au Zimbabwe, la semaine du 30 janvier, et inculpé de subversion et d’« outrage au drapeau », en lien avec des manifestations contre la corruption et le déclin économique dont il avait été l’instigateur en 2016.

« Evan Mawarire fait l’objet de persécutions judiciaires à caractère politique pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. Ces persécutions continuelles effraient les militants pacifiques au Zimbabwe, a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe du programme Afrique australe à Amnesty International.

« La libération sous caution d’Evan Mawarire ne suffit pas, il faut que les charges sous-tendues par des considérations politiques qui pèsent sur lui soient totalement abandonnées. L’État ne peut pas continuer à le harceler et à tenter de l’intimider simplement parce qu’il défend les droits humains. »

Amnesty International et CIVICUS appellent les autorités zimbabwéennes à cesser de punir les personnes qui leur demandent des comptes.

« Nul ne doit se retrouver derrière les barreaux pour avoir posé des questions délicates au sujet de la gouvernance du pays. Au lieu de les écouter, l’État ouvre des informations judiciaires pour des charges controuvées à l’encontre de personnes comme Evan Mawarire, a déclaré David Kode, responsable principal des politiques et de la recherche à CIVICUS.

« L’attitude des autorités est contraire aux principes de la justice et vise de manière systématique les personnes qui osent leur demander des comptes. »

Complément d’information

Evan Mawarire, fondateur et codirigeant du mouvement #Thisflag, a été l’instigateur de plusieurs manifestations antigouvernementales en 2016 ; ces rassemblements avaient pour objectif de dénoncer la corruption, les violations des droits humains et le déclin de l’économie dans le pays.

Cet homme avait déjà été arrêté le 12 juillet 2016 et inculpé d’incitation à la violence publique après avoir appelé à une grève nationale les 13 et 14 juillet 2016. Il avait finalement été libéré, un magistrat ayant estimé que son arrestation était inconstitutionnelle et décidé d’abandonner les charges.

Sa caution, fixée à un montant équivalent à 300 dollars des États-Unis, est assortie de conditions strictes, notamment l’obligation de remettre son passeport aux autorités et de se présenter à la police deux fois par semaine.

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