Un an après, toujours pas de justice pour les victimes de la crise des « boat people »

• Les réfugiés rohingyas sont maintenus en détention pour une durée indéterminée
• Pas d’enquête véritable sur les bandes criminelles responsables de violations des droits humains

Des centaines de réfugiés ayant survécu à la crise des « boat people » de 2015 en Asie du Sud-Est sont enfermés depuis dans des conditions déplorables en Malaisie, a déclaré Amnesty International, après s’être rendue dans le pays pour enquêter sur le sort de ces personnes un an après.

Après que des images de réfugiés et de migrants désespérés, bloqués en mer, ont fait le tour du monde en mai 2015, la Malaisie a accepté d’accueillir 1 100 personnes. Près de 400 d’entre elles étaient des réfugiés rohingyas – des personnes fuyant les persécutions au Myanmar. Un an plus tard, la majorité des Rohingyas sont maintenus en détention dans le centre de Belantik, en Malaisie.

«  Nous nous sommes rendus en Malaisie pour enquêter sur le sort des victimes de la crise des réfugiés ayant fui par bateau et avons découvert que, pour des centaines d’entre eux, les souffrances et les atteintes aux droits humains se poursuivent, a déclaré Khairunissa Dhala, experte sur les réfugiés à Amnesty International.

« Des femmes, des hommes et des enfants ont fui les persécutions au Myanmar, pour sombrer dans un autre cauchemar, abandonnés en mer par des gangs sans scrupules qui écument les routes maritimes. La Malaisie devrait être pour eux un havre de sécurité – mais ils ont déjà passé un an en détention, et n’en voient pas la fin. »

Outre les réfugiés rohingyas, les bateaux arrivés en Malaisie transportaient environ 700 personnes parties du Bangladesh, probablement pour la plupart des victimes de la traite des êtres humains.

Dans une enquête de 2015 sur cette crise, Amnesty International a révélé que des centaines de Bangladais ayant atteint l’Indonésie avaient sans doute été victimes de la traite des personnes.

La quasi-totalité des personnes parties du Bangladesh et arrivées en Indonésie ou en Malaisie ont depuis été rapatriées. Cependant, des sources en Malaisie ont déclaré à Amnesty International que 65 d’entre elles se trouvaient toujours en Malaisie, en détention au centre de Belantik.

Les bandes criminelles responsables de la crise des « boat people » n’ont jamais été traduites en justice. La plupart des bateaux, où s’entassaient des hommes, des femmes et des enfants, ont été abandonnés par leurs équipages, persuadés que les autorités de l’Asie du Sud-Est étaient sur le point de passer à l’action pour combattre le trafic et la traite des personnes.

«  Le gouvernement malaisien doit cesser de criminaliser et de sanctionner les réfugiés et les migrants – qui sont très probablement des victimes de la traite des personnes – et mener des enquêtes indépendantes et impartiales afin d’amener les responsables présumés à rendre des comptes », a déclaré Khairunissa Dhala.

Amnesty International demande aux autorités malaisiennes de libérer immédiatement les réfugiés et les migrants, et de collaborer avec des partenaires internationaux afin qu’ils reçoivent la protection à laquelle ils ont droit au titre du droit international.

Complément d’information

La crise de 2015 dans la mer d’Andaman a attiré l’attention du monde entier, lorsque des dizaines de bateaux transportant des milliers de personnes désespérées ont été abandonnés en mer et que les gouvernements de la Thaïlande, de la Malaisie et de l’Indonésie ont refusé de les laisser débarquer. La Malaisie et l’Indonésie ont fini par accepter trois bateaux au total, avec à leur bord plus de 2 900 réfugiés et migrants. Elles ont accepté d’accorder l’asile provisoire au groupe pour une période d’un an, à condition qu’ils soient réinstallés ou rapatriés par la communauté internationale au cours de cette période. À ce jour, une cinquantaine d’entre eux en Malaisie se sont portés candidats à la réinstallation dans un pays tiers.

Amnesty International publiera de nouvelles informations sur la situation des victimes de la crise des réfugiés ayant fui par bateau et de la traite des personnes au cours des prochains mois.

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