Turquie, des groupes de droits humains demande la libération d’une défenseure et médecin turque

Turquie, des groupes internationaux de protection des droits humains demandent la libération d'une défenseure et médecin turque de renom

Les autorités turques ont l’opportunité, vendredi 23 décembre, de remettre en liberté Şebnem Korur Fincancı [3], professeure de médecine et défenseure des droits humains turque parmi les plus respectées au monde, qui est illégalement maintenue en détention [4] depuis le 26 octobre 2022. Il s’agit de sa deuxième détention illégale en six ans, en représailles contre son travail renommé dans le domaine de la médecine et en faveur des droits.

Ce jeudi 22 décembre, Amnesty International, DIGNITY [5], Human Rights Watch [6], le Conseil international pour la réadaptation des victimes de la torture (IRCT) [7], Physicians for Human Rights (PHR), REDRESS [8] et l’ Association médicale mondiale [9] demandent aux autorités de libérer Şebnem Korur Fincancı, présidente du Comité central de l’Ordre des médecins de Turquie, membre du bureau exécutif de la Fondation turque pour les droits humains, membre du groupe d’experts médicolégaux de l’IRCT et membre du Conseil consultatif de PHR. Şebnem Korur Fincancı, qui a procédé à des exhumations dans des charniers en Bosnie pour les Nations unies, et a mené d’autres investigations médicolégales d’importance en Turquie et à l’étranger, est une des professionnelles de la médecine légale les plus chevronnées de son pays et une partenaire de longue date d’organisations médicales et de défense des droits humains de premier plan.

« Lors de l’audience prévue pour vendredi 23 décembre, un tribunal turc aura l’occasion de réparer une injustice choquante, non seulement pour Şebnem Korur Fincancı mais aussi pour les défenseur·e·s des droits humains dans le monde entier », a déclaré Erika Dailey, directrice des actions de plaidoyer et de la ligne politique à PHR. « Şebnem Korur Fincancı, médecin légiste de renom, a consacré une grande partie de sa vie à la lutte contre la torture et les mauvais traitements en Turquie et ailleurs dans le monde. Nous demandons désormais qu’elle bénéficie d’une audience équitable qui débouche sur l’abandon de ces charges fallacieuses et sa libération immédiate et inconditionnelle. »

Le Conseil international pour la réadaptation des victimes de la torture, PHR et d’autres organisations enverront des observateurs internationaux assister à cette audience, qui aura lieu à 9 h 30 (TU+3) le 23 décembre devant la 24e cour pénale spéciale à Istanbul. Une conférence de presse organisée par l’Ordre des médecins de Turquie et la Fondation des droits humains de Turquie sera diffusée jeudi 22 décembre en direct sur Youtube.

Şebnem Korur Fincancı est une spécialiste émérite des enquêtes sur les cas de torture. Elle a participé avec l’IRCT, PHR et d’autres à la création du Protocole d’Istanbul [10], l’ensemble de normes internationales relatives aux enquêtes médicolégales sur la torture et d’autres formes de mauvais traitements. Elle a reçu le prix Hrant Dink en 2014, le prix Physicians for Human Rights [11] en 2017 et le prix Hessian de la paix en 2018. Des militant·e·s de premier plan contre la torture ont condamné l’arrestation arbitraire de Şebnem Korur Fincancı dans The Lancet [12] en novembre. 

Après son arrestation, le tribunal civil d’Ankara a porté plainte contre l’Ordre des médecins de Turquie. « Şebnem Korur Fincancı fait partie des médecins turcs ayant été persécutés ces dernières années pour s’être simplement exprimés en faveur de la protection de la santé et des droits humains », a déclaré Michele Heisler, directrice médicale de PHR. « La répression menée par le gouvernement turc vise en partie à retirer à l’Ordre des médecins de Turquie, qui est indépendant et représente 60 % des médecins du pays, son autonomie au moyen d’un tour de passe-passe législatif. Les professionnel·le·s de la santé, où qu’ils soient, doivent se mobiliser pour leurs collègues en difficulté en Turquie. »

Une plainte civile distincte a été déposée à Ankara en vertu de la Loi n° 6023 sur l’Ordre des médecins de Turquie, afin de démettre de ses fonctions la direction élue de cette dernière et de ses antennes locales.

En juin 2016, Şebnem Korur Fincancı et deux co-accusés ont été arrêtés, brièvement incarcérés [13], et inculpés de dissémination de « propagande terroriste » après avoir pris part à une campagne de solidarité avec un journal qui avait critiqué le gouvernement turc. Elle a été acquittée en juillet 2019, mais son acquittement a été infirmé en appel en novembre 2020 et son nouveau procès est en cours.

« La détention arbitraire de Şebnem Korur Financı s’inscrit dans une stratégie délibérée mise en place par le gouvernement afin de discréditer son travail de longue date visant à enquêter sur les violations des droits humains, en sa qualité d’experte légiste et de défenseure des droits humains en Turquie et dans le monde entier. La réaction des autorités et son arrestation constituent une atteinte flagrante à sa liberté d’expression, et témoignent une nouvelle fois de la répression persistante contre les droits humains dans ce pays », a déclaré Lisa Henry, secrétaire générale de l’IRCT.

Le professeur Frank Ulrich Montgomery, président du conseil de l’Association médicale mondiale, a déclaré : « Son travail doit être admiré, et non pas sanctionné. »

Amnesty International, DIGNITY, Human Rights Watch, l’IRCT, PHR, REDRESS et l’Association médicale mondiale continuent à demander que l’ensemble des charges retenues contre Şebnem Korur Fincancı soient abandonnées et que les médecins et opposant·e·s ne soient plus injustement pris pour cible en Turquie.

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