Trois personnes condamnées pour blasphème

Les autorités indonésiennes doivent libérer immédiatement et sans condition trois personnes condamnées au titre de la législation du pays relative au blasphème pour avoir pratiqué pacifiquement leur religion, a déclaré Amnesty International mardi 7 mars.

Ahmad Mussadeq, Mahful Muis Tumanurung et Andry Cahya sont trois membres d’un mouvement religieux minoritaire aujourd’hui dissous, le Gafatar, qui ont été condamnés pour blasphème par le tribunal de district de Djakarta-Est mardi 7 mars.

« Les condamnations prononcées montrent bien que la législation indonésienne vague, coercitive et discriminatoire relative au blasphème est utilisée pour punir des personnes qui n’ont fait que pratiquer pacifiquement leur religion minoritaire, a déclaré Josef Benedict, directeur adjoint pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.

« Ces personnes doivent être libérées immédiatement et sans condition, et les dispositions relatives au blasphème, qui sont contraires aux obligations de l’Indonésie en matière de droits humains, doivent être abrogées. »

Ahmad Mussadeq et Mahful Muis Tumanurung ont été condamnés à cinq ans d’emprisonnement, et Andry Cahya à trois ans. Tous trois ont été arrêtés le 25 mai 2016 et inculpés par la suite de blasphème au titre de l’article 156(a) du Code pénal et de « rébellion » en vertu des articles 107 et 110 de ce texte.

Complément d’information

Les dispositions des articles 156 et 156(a) du Code pénal relatives au blasphème prévoient des poursuites pénales pour « toute personne qui, d’une façon délibérée et publique, exprime des opinions ou se livre à des activités en principe assimilables à de l’hostilité et considérées comme blasphématoires ou irrespectueuses à l’égard d’une religion pratiquée en Indonésie ».

La législation indonésienne relative au blasphème viole un certain nombre d’engagements internationaux du pays en matière de droits humains, notamment ses obligations de respecter et de protéger les droits à la liberté d’expression et à la liberté de pensée, de conscience et de religion.

Les procédures pour blasphème sont la plupart du temps engagées au niveau local, où les acteurs politiques, les groupes islamistes radicaux et les forces de sécurité s’associent souvent pour cibler les minorités. Une accusation ou une rumeur suffit parfois à envoyer quelqu’un devant la justice pour blasphème. De nombreuses personnes sont harcelées ou attaquées par des groupes radicaux avant leur arrestation, puis jugées dans une atmosphère d’intimidation. Les condamnations sont souvent justifiées par le « maintien de l’ordre public ».

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