Trois ans après, aucune nouvelle des « quatre de Douma »

Les défenseurs syriens des droits humains Razan Zaitouneh, Samira Al Khalil, Wael Hamada et Nazim Hammadi, qui ont « disparu » il y a trois ans après avoir été enlevés par des hommes armés, doivent être libérés immédiatement, ont déclaré 56 organisations de défense des droits humains le 9 décembre 2016, à l’occasion de l’anniversaire de leur enlèvement.

Le 9 décembre 2013, un groupe d’hommes armés a fait irruption dans le bureau du Centre de documentation des violations (VDC) en Syrie, organisation locale qui surveille la situation des droits humains à Douma, en périphérie de Damas. Ils ont enlevé Razan Zaitouneh, responsable du centre, son époux Wael Hamada, et ses collègues Samira Al Khalil et Nazim Hamadi. On ignore ce qui leur est arrivé depuis et où ils se trouvent.

Parmi les groupes armés exerçant un contrôle de facto sur Douma à l’époque figure l’Armée de l’islam, qui fait partie de la coalition des groupes armés du Front islamique. Ces groupes doivent immédiatement libérer ces quatre défenseurs des droits humains s’ils sont entre leurs mains, ou œuvrer à faire en sorte qu’ils soient libérés sains et saufs et sans délai. Les pays qui soutiennent ces groupes, ainsi que les dirigeants notamment religieux qui exercent une influence sur eux, doivent aussi faire pression en faveur de la libération immédiate des quatre militants et de la fin des enlèvements de civils.

Razan Zaitouneh défend des prisonniers politiques en Syrie depuis 2001 et a joué un rôle clé dans la promotion et la protection des droits humains à travers son travail courageux en tant qu’avocate, militante et journaliste. Depuis le début de la crise en 2011, elle s’est fortement mobilisée dans les initiatives visant à défendre les droits humains de tous et à protéger les groupes indépendants et les militants en Syrie. Avec d’autres militants, elle a fondé le Centre de documentation des violations (VDC), qui surveille les violations des droits humains et recense les victimes en Syrie.

Elle a également co-fondé les Comités locaux de coordination (LCC), dont l’objectif est de coordonner le travail des comités locaux qui recensent les atteintes aux droits humains dans diverses villes en Syrie. Elle a mis sur pied le Bureau de soutien au développement local et aux petits projets, qui aide les organisations non gouvernementales (ONG) dans la Ghouta orientale assiégée. En raison de son travail, elle avait été menacée par le gouvernement syrien et les groupes armés d’opposition à Douma, quelques mois avant son enlèvement.

Samira Al Khalil est une militante politique de longue date en Syrie. Le gouvernement syrien l’a détenue entre 1987 et 1991 pour son militantisme. Elle a travaillé par la suite dans une maison d’édition, avant de mettre son énergie à aider les familles de détenus et à écrire sur la détention en Syrie. Avant d’être enlevée, elle œuvrait à aider les femmes à Douma à subvenir à leurs besoins en lançant de petits projets générateurs de revenus.

Wael Hamada militait déjà avant le soulèvement de 2011 en Syrie. Lorsque des manifestations pacifiques ont éclaté dans le pays en 2011, le gouvernement l’a arrêté et ensuite relâché. Il est membre actif et cofondateur des Comités locaux de coordination et du Centre de documentation des violations. Avant d’être kidnappé, il œuvrait à fournir une aide humanitaire aux habitants de la Ghouta orientale assiégée qui en avaient désespérément besoin.

Nazim Hammadi, avocat et poète, est un défenseur bénévole bien connu des prisonniers politiques, impliqué avant comme après le soulèvement de 2011 en Syrie. Il a contribué à fonder les Comités locaux de coordination et s’est mobilisé pour fournir une aide humanitaire aux habitants de la Ghouta orientale.

Razan Zaitouneh et ses collègues ont semble-t-il été enlevés et arbitrairement privés de leur liberté en représailles de leurs activités légitimes de défense des droits humains. Un tel comportement est interdit par le droit humanitaire international et contraire aux normes internationales des droits humains. Les groupes armés contrôlant la région et les gouvernements qui les soutiennent doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour faciliter la libération de Razan Zaitouneh, Wael Hamada, Samira Al Khalil et Nazem Hamadi.

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