Thaïlande, une adolescente de 15 ans placée en détention provisoire pour lèse-majesté

Thaïlande, une adolescente de 15 ans placée en détention provisoire pour lèse-majesté

Une adolescente de 15 ans a été placée en détention provisoire à Bangkok pour violation de la loi relative au crime de lèse-majesté après sa participation à une manifestation pacifique.

« Cette mesure vient à nouveau rappeler de façon troublante que les autorités thaïlandaises continuent de s’en prendre à des personnes mineures lorsqu’elles utilisent la loi relative au crime de lèse-majesté pour réprimer la dissidence pacifique. Par ailleurs, au cours du seul mois de mars, au moins quatre manifestant·e·s ont été condamnés et plusieurs autres ont fait l’objet de poursuites et d’inculpations en vertu de cette loi, a déclaré Chanatip Tatiyakaroonwong, spécialiste de la Thaïlande au sein d’Amnesty International.

« Les cas récents témoignent d’un rétrécissement spectaculaire de l’espace civique pour les millions de personnes vivant en Thaïlande, où les autorités refusent de plus en plus de tolérer la dissidence pacifique. Depuis la fin de l’année 2022, des manifestant·e·s pacifiques ont été reconnus coupables de lèse-majesté pour avoir simplement exercé leur droit à la liberté d’expression dans des publications sur Internet, participé à des parodies de défilés de mode et, plus récemment, vendu en ligne des calendriers comportant des dessins de canards jaunes, symbole du mouvement de protestation.

« Les autorités thaïlandaises doivent abandonner toutes les poursuites engagées contre des personnes en vertu de lois qui ne respectent pas le droit international relatif aux droits humains et les normes connexes. Elles doivent également cesser d’arrêter et de placer en détention provisoire des manifestant·e·s pacifiques. »

Complément d’information

Yok (son nom complet est tenu secret pour des raisons de sécurité), la militante de 15 ans qui a été placée en détention provisoire cette semaine, a participé le 14 octobre 2022 à une manifestation pacifique lors de laquelle elle a appelé au retrait de la loi relative au crime de lèse-majesté. Les autorités ont émis un mandat d’arrêt à son encontre le 28 février 2023 et l’ont placée en détention au Centre de formation pour filles mineures de Baan Pranee, dans la province de Nakhon Pathom.

Le cas de Yok n’est pas isolé. Le 7 mars 2023, le tribunal pénal de Bangkok a condamné un homme à trois ans d’emprisonnement pour avoir vendu des calendriers via une page Facebook, en violation de la loi relative au crime de lèse-majesté selon les autorités. Le calendrier en question comportait des illustrations représentant un canard jaune, symbole du mouvement de protestation thaïlandais. Dans une autre affaire, le 13 mars 2023, un homme faisant partie du peuple autochtone karen a été déclaré coupable de lèse-majesté, de sédition et de violation de la Loi relative à la cybercriminalité par le tribunal provincial de Chiang Mai pour avoir critiqué la monarchie sur Facebook.

Selon l’ONG Thai Lawyers for Human Rights (TLHR), depuis que des manifestations de grande ampleur ont éclaté dans tout le pays en 2020, au moins 1 895 personnes ont fait l’objet de poursuites pénales pour leur participation à des rassemblements de protestation. Parmi elles, au moins 237 personnes avaient été inculpées de lèse-majesté, dont 18 mineur·e·s, au 27 mars 2023.

Le récent rapport d’Amnesty International intitulé We are Reclaiming Our Future a montré que des mineur·e·s ont subi de graves répercussions pour avoir pris part à des manifestations de grande ampleur en Thaïlande, notamment une criminalisation de leurs activités, des manœuvres d’intimidation et une surveillance de la part des autorités, et une répression violente des manifestations par la police.

Ce rapport appelait les autorités thaïlandaises à lever toutes les poursuites visant des manifestant·e·s mineurs pacifiques, à mettre fin à toutes les formes d’intimidation et de surveillance, et à modifier les lois invoquées pour restreindre le droit des mineur·e·s de manifester, de façon à ce qu’elles soient conformes au droit international relatif aux droits humains et aux normes associées.

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