Soudan : Des forces de sécurité pourchassent des manifestants blessés jusque dans un hôpital

Dans la soirée du 9 janvier, des membres des forces de sécurité soudanaises ont fait irruption dans un hôpital et ont tiré cinq balles et des gaz lacrymogènes, terrifiant les patients et le personnel hospitalier. Ils pourchassaient des personnes ayant besoin de soins après avoir été blessées par des tirs lors des manifestations qui avaient eu lieu dans la journée à Omdurman, en périphérie de Khartoum.

Les membres des services de sécurité ont ouvert le feu dans la cour de l’hôpital d’Omdurman avant de pénétrer dans les services d’urgence et les salles médicalisées, malmenant patients et médecins.

« Cette attaque à l’intérieur d’un hôpital est une violation scandaleuse du droit international. Les patients et le personnel de l’hôpital d’Omdurman ont été attaqués à coups de gaz lacrymogènes et de balles réelles, les forces de sécurité soudanaises redoublant d’efforts pour réprimer les manifestations pacifiques, a déclaré Sarah Jackson, directrice régionale adjointe pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et la région des Grands Lacs.

« Une enquête doit être diligentée de toute urgence et l’ensemble des membres des forces de sécurité impliqués doivent rendre des comptes. Le gouvernement soudanais doit prendre des mesures afin de mettre fin à cet usage qui consiste à tirer sur les manifestants et doit respecter le droit du peuple soudanais à la liberté d’expression. »

Depuis le 19 décembre 2018, plus de 380 manifestations ont eu lieu au Soudan contre la hausse du coût de la vie. Le bilan fait état de plus de 40 morts et de nombreuses personnes souffrant de blessures invalidantes, du fait de la violente répression exercée par les forces de sécurité gouvernementales contre les manifestants. Plus de 1 000 personnes ont été appréhendées.

Le 9 janvier, au moins trois personnes ont été tuées lorsque les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les manifestants à Omdurman, et huit ont été hospitalisées pour des blessures par balle à la tête, à la poitrine, au ventre et dans les jambes.

Le 10 janvier, Amnesty International a demandé la libération d’un homme blessé par balle lors des manifestations du 25 décembre et détenu par les agents du Service national de la sûreté et du renseignement (NISS).

Yasser Elsir Ali, 57 ans, a été grièvement blessé lors d’une manifestation à Khartoum, la capitale du Soudan. Une balle lui a fracturé des côtes et perforé un poumon avant de se loger dans la moelle épinière. Après avoir été stabilisé à l’hôpital, il devait être transféré aux Émirats arabes unis pour recevoir des soins spécialisés pour sa colonne vertébrale, mais il a été arrêté par des agents du NISS le 5 janvier. On ne sait toujours pas où il se trouve.

« Les autorités soudanaises doivent libérer immédiatement Yasser Elsir Ali et lui permettre de recevoir des soins. Sa vie est en danger et il a besoin de toute urgence de soins spécialisés, a déclaré Sarah Jackson.

« Elles doivent également libérer immédiatement et sans condition toutes les personnes appréhendées pour avoir manifesté sans violence. Ce n’est pas un crime de réclamer un meilleur niveau de vie. »

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