Russie : Il faut libérer le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov

Amnesty International demande que le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov soit immédiatement remis en liberté. Dans un message transmis par son avocat, Oleg Sentsov faisait part le 16 mai dernier de sa décision, « en tant que citoyen ukrainien illégalement condamné par un tribunal russe et purgeant [sa] peine dans une colonie pénitentiaire située à Labytnangui », d’entamer « une grève de la faim illimitée à compter du 14 mai 2018 ».

Il déclarait qu’il n’interromprait cette grève de la faim qu’après la libération de « tous les prisonniers politiques ukrainiens » actuellement détenus en Fédération de Russie. Condamné à l’issue d’un procès inéquitable sur la foi d’accusations à caractère politique, Oleg Sentsov purge actuellement une peine de 20 ans d’emprisonnement.

Depuis qu’il a cessé de s’alimenter, il a été transféré dans une cellule à part, où son état de santé fait l’objet d’un suivi régulier de la part du personnel médical pénitentiaire. Selon son avocat, Oleg Sentsov serait dans un état stable et ne se plaindrait pour l’instant ni de la manière dont il est traité par le personnel de l’établissement dans lequel il se trouve, ni de ses conditions de détention. Le 31 mai, soit 16 jours après le début de sa grève de la faim, Oleg Sentsov a reçu un appel en vidéo de Xenia Sobtchak, qui a tenté de le persuader de renoncer à son action, ce qu’il a refusé de faire. Selon cette figure en vue de la scène politique russe, le metteur en scène avait l’air « très mal », avait « maigri », ses joues étaient « creusées », et il semblait « pâle, mais très sûr de sa décision ». L’avocat d’Oleg Sentsov a annoncé le 4 juin que celui-ci avait perdu huit kilos depuis le début de sa grève de la faim et que les médecins de la prison lui avaient dit que s’il poursuivait son mouvement, il risquait fort de souffrir d’insuffisance rénale et devrait alors être nourri de force.

Il a été reconnu coupable par un tribunal militaire de la Fédération de Russie, à l’issue d’une procédure totalement inéquitable, d’accusations motivées par des considérations politiques, sur la foi « d’aveux » extorqués sous la torture.

Le cinéaste a été condamné le 25 août 2015 à 20 années d’emprisonnement pour avoir, selon l’accusation, mis en place une cellule d’un « groupe terroriste » et organisé des « actes terroristes » en avril 2014. Il continue de clamer son innocence. Il a été reconnu coupable par un tribunal militaire de la Fédération de Russie, à l’issue d’une procédure totalement inéquitable, d’accusations motivées par des considérations politiques, sur la foi « d’aveux » extorqués sous la torture.

Les autorités russes doivent respecter et protéger le droit d’Oleg Sentsov à la liberté d’expression et veiller à ce que tout traitement médical qui lui est prodigué le soit en conformité avec les principes déontologiques des professions médicales, notamment les principes de la confidentialité, de l’autonomie et du consentement donné en connaissance de cause. Elles doivent entre autres faire en sorte que le détenu ne soit à aucun moment soumis à un traitement qu’il ne souhaiterait pas recevoir ni nourri de force, lorsque de telles interventions pourraient constituer des actes de torture ou, plus généralement, des mauvais traitements.

Co-accusé d’Oleg Sentsov, Alexandre Koltchenko a également été condamné le 25 août 2015 par un tribunal militaire russe, à l’issue d’une procédure totalement inéquitable. Reconnu coupable d’avoir « commis des actes terroristes », il a été condamné à 10 années d’emprisonnement. Il a entamé lui aussi une grève de la faim le 31 mai, exigeant la libération de son camarade Oleg Sentsov. Son avocat a annoncé le 7 juin qu’il avait mis fin à son mouvement, car il se sentait trop faible physiquement. Amnesty International demande une fois de plus aux autorités de prendre immédiatement des mesures pour réexaminer le dossier d’Alexandre Koltchenko, annuler sa condamnation sur la foi d’accusations mensongères ou exagérées d’actes relevant du terrorisme, et le faire juger équitablement par un tribunal civil, pour des faits raisonnablement établis, ou, à défaut, le libérer.

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