Communiqué de presse

Republika Srpska. L’interdiction frappant un défilé organisé en faveur des droits humains est « inacceptable »

Ayant appris qu’un défilé de commémoration de la Journée internationale des droits de l’homme avait été interdit par la police de la Republika Srpska (République serbe), Amnesty International a exhorté les autorités à respecter le droit à la liberté d’expression et de réunion.

Cet événement, qui devait se tenir dans la ville de Prijedor, a été interdit sans qu’aucun motif juridique ne soit invoqué. La Republika Srpska est l’une des deux entités formant la Bosnie-Herzégovine.

« La décision inacceptable d’empêcher ce défilé pacifique est la dernière en date d’une série de mesures inquiétantes adoptées par les autorités afin de réduire au silence les voix dissidentes en Republika Srpska », a déclaré Lejla Hadzimesic, spécialiste des Balkans à Amnesty International.

« Le fait que la police n’ait même pas fourni de raison valable d’interdire ce défilé laisse une impression encore plus sinistre. »

Le défilé avait pour objectif d’attirer l’attention sur les discriminations et nombreuses violations des droits humains observées à Prijedor.

Il était organisé par un Comité local de commémoration, qui demande aux autorités d’enquêter sur les abus de pouvoir et atteintes aux droits humains commis à Prijedor et aux alentours.

« Au lieu d’essayer de sévir contre les militants de Prijedor, les autorités doivent prendre en considération leurs appels en faveur de la justice », a ajouté Lejla Hadzimesic.

Le mois dernier, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a critiqué les restrictions à la liberté d’expression et de réunion à Prijedor.

En mai, le maire a prohibé plusieurs commémorations programmées pour le 20e anniversaire des atrocités de masse ayant fait suite au conflit en Bosnie-Herzégovine.

Des résidents de Prijedor ont semble-t-il été mis en garde contre l’utilisation du terme de « génocide » pour désigner les crimes commis pendant la guerre ; ils ont été menacés de poursuites s’ils ne s’exécutaient pas.

Omarska et Keraterm, deux camps de concentration tristement célèbres situés dans la région de Prijedor, ont fonctionné tout au long du conflit en Bosnie-Herzégovine.

De nombreuses personnes y ont été tuées, torturées et agressées sexuellement, mais la plupart de ces crimes n’ont jamais donné lieu à des enquêtes ni à des poursuites.

Des ONG locales affirment que des policiers de la région sont responsables d’un grand nombre des crimes commis dans ces camps, où plus de 800 prisonniers auraient été tués ou ont été portés disparus.

Sur les 28 cas de crimes de guerre perpétrés dans la municipalité de Prijedor qui ont été traités, 21 des accusés appartenaient à la police, a précisé le Comité de commémoration.

Il a ajouté que neuf autres cas, dont certains impliquent également des policiers, sont actuellement jugés par des tribunaux locaux.

Des défilés non violents marquant la Journée internationale des droits de l’homme se sont tenus ces dernières années à Prijedor sans aucun problème.

Voir aussi :
Bosnie-Herzégovine. « La justice pour qui ? », en Bosnie-Herzégovine, les femmes attendent toujours qu’on leur rende justice.

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