Procès en appel de trois jeunes condamnés à 10 ans de prison pour une blague

Le Cameroun doit annuler la condamnation et la peine de 10 ans de prison ferme infligée par un tribunal militaire à trois jeunes qui n’avaient fait que partager sur leur téléphone un message de plaisanterie sur Boko Haram, a déclaré Amnesty International à la veille de leur procès en appel.

Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob ont été déclarés en septembre dernier coupables de « non dénonciation d’actes terroristes », et condamnés en novembre, à dix ans de prison ferme.

« Ces trois jeunes n’auraient jamais dû être arrêtés en première instance d’autant qu’ils n’ont fait qu’exercer leur droit à la liberté d’expression. Leur place n’est donc pas la prison car un simple SMS sarcastique ne peut constituer un motif de condamnation », a déclaré Balkissa Idé Siddo, chercheur sur l’Afrique centrale à Amnesty International

« Les autorités doivent annuler leur condamnation et les libérer immédiatement et sans condition afin de leur permettre de retourner auprès de leurs familles et poursuivre leurs études. Elles doivent aussi libérer les dizaines d’autres prisonniers à Yaoundé et Maroua, arrachés à leurs familles et qui verront leur avenir compromis sur la base de preuves minces voire inexistantes ».

Fomusoh Ivo Feh a été arrêté le 13 décembre 2014 par la police, quelques semaines après avoir fait suivre à Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob, un SMS sarcastique reçu d’un ami militaire. Le SMS qui disait : « Boko Haram recrute des jeunes de 14 ans et plus. Conditions de recrutement : avoir validé 4 matières et la religion au baccalauréat ». Ses deux amis ont également été arrêtés.

Leur condamnation a soulevé une vague d’indignation dans le monde. Réagissant début décembre dernier à une déclaration du Secrétariat d’État américain, Issa Tchiroma, le ministre de la Communication du Cameroun, a déclaré que ces jeunes avaient été libérés.

« Les allégations relatives à des peines de dix ans de prison infligées à des jeunes pour avoir échangé des messages texte se référant à Boko Haram, sont infondées. En effet, l’instruction publique de cette affaire, en conformité avec la loi sur la répression du terrorisme, avait conduit à la relaxe de deux des trois mis en cause. Le dernier concerné, condamné à onze mois d’emprisonnement le 22 février 2016 pour propagation de fausses nouvelles, a été depuis lors remis en liberté, » avait déclaré le ministre.

« Les informations fournies par le ministre étaient manifestement erronées. Fomusoh Ivo Feh, Afuh Nivelle Nfor et Azah Levis Gob sont toujours en détention », a déclaré Balkissa Idé Siddo.

« Demain jour de leur procès en appel, les autorités camerounaises ont l’opportunité de concrétiser l’annonce de Issa Tchiroma sur la remise en liberté de ces trois jeunes, et faire un pas vers le respect des droits humains. »

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit