Pour recevoir l’aide humanitaire, les civils doivent franchir des zones de conflit

Le gouvernement du Myanmar doit lever d’urgence les restrictions qui empêchent l’accès à l’aide humanitaire dans l’État d’Arakan et l’État kachin, a déclaré Amnesty International le 20 octobre.

L’intensification du conflit dans l’État kachin et l’éruption de la violence dans le nord de l’État d’Arakan, où des membres des communautés rohingya et rakhine ont dû s’enfuir de chez eux en raison d’une opération de sécurité de grande envergure, ont aggravé davantage encore la situation humanitaire dans le pays.

« Les autorités myanmar doivent immédiatement lever les restrictions qui empêchent l’ONU et d’autres organisations humanitaires d’avoir accès aux populations ayant besoin de leur aide, a déclaré Rafendi Djamin, directeur pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.

« Dans l’État d’Arakan et l’État kachin des dizaines de milliers de personnes ont déjà été déplacées en raison des violences au cours des dernières années. Les événements qui se sont produits ces dernières semaines ont aggravé cette situation et mis encore plus de vies en danger. »

État kachin

Les affrontements qui ont eu lieu dans l’État kachin au début du mois ont provoqué la mort d’un enfant et fait deux blessés. Ces dernières semaines, l’armée myanmar a mené des frappes aériennes et procédé à des tirs d’obus.

Amnesty International a appris de sources dignes de foi que depuis avril 2016 les autorités n’autorisent pas l’ONU et des organisations humanitaires à distribuer une aide aux personnes déplacées qui se trouvent dans des secteurs n’étant pas contrôlés par le gouvernement.

L’organisation est préoccupée par les informations signalant que les autorités obligeraient les personnes déplacées à franchir les lignes de conflit pour recevoir une aide.

« Les civils ne doivent pas être placés dans une position où ils n’ont pas d’autre choix que de mettre leur vie en danger pour accéder à l’aide humanitaire. »

« Toutes les parties au conflit armé ont l’obligation de permettre et de faciliter la distribution d’une aide humanitaire impartiale pour les civils qui en ont besoin. Le fait de bloquer l’aide humanitaire est une violation du droit international humanitaire. Les civils ne doivent pas être placés dans une position où ils n’ont pas d’autre choix que de mettre leur vie en danger pour accéder à l’aide humanitaire. Les autorités doivent faire en sorte que les organisations humanitaires puissent distribuer librement et sans entraves l’aide d’urgence et l’assistance à tous les civils qui en ont besoin  », a déclaré Rafendi Djamin.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, on dénombre actuellement 87 000 personnes déplacées dans l’État kachin, un grand nombre d’entre elles se trouvant dans des secteurs n’étant pas contrôlés par le gouvernement.

Les combats y ont repris en juin 2011, quand le cessez-le-feu qui avait duré 17 ans entre l’armée myanmar et l’Armée pour l’indépendance kachin a été rompu.

État d’Arakan

L’attaque menée le 9 octobre contre trois avant-postes de la police a fait surgir de nouvelles inquiétudes quant aux violences et aux déplacements dans l’État d’Arakan. Les autorités ont réagi en lançant une opération de sécurité de grande envergure pour capturer les auteurs de l’attaque, durcissant encore les restrictions déjà très sévères imposées dans la région pour les déplacements.

Selon des sources locales, la peur a poussé des membres des communautés rohingya et rakhine à s’enfuir de chez eux. Toutefois, en raison du fort isolement du nord de l’État d’Arakan et des restrictions imposées aux journalistes et observateurs indépendants, il est extrêmement difficile d’estimer l’ampleur des déplacements et de vérifier les informations provenant de cette région.

Amnesty International est profondément préoccupée par le fait que des organes de l’ONU et d’autres organisations humanitaires n’ont pas été autorisés à avoir accès aux populations concernées pour évaluer leurs besoins et leur fournir une assistance.

« Des sources locales nous ont indiqué que des villageois rohingyas ne peuvent pas avoir accès à des soins médicaux. Les autorités myanmar doivent veiller au respect des droits humains de ces communautés, notamment en veillant à ce qu’elles aient réellement accès aux soins médicaux et à d’autres services », a déclaré Rafendi Djamin.

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