PORTUGAL Des surveillants passent à tabac un détenu

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Albino Libanio a été passé à tabac lors de sa détention à la prison de
Lisbonne. Souffrant de blessures multiples, incapable de se tenir fermement
sur ses jambes, il n’a reçu aucune assistance médicale après avoir été roué
de coups par des surveillants de la prison. Dans son dernier rapport sur le
Portugal et la prison de Lisbonne, Amnesty International s’inquiète des
mauvais traitements infligés en toute impunité aux détenus.

« Les coups contre Albino Libanio semblent avoir été prémédités. Nous sommes
inquiets de constater qu’un système est peut-être en place, permettant à
certains surveillants de se livrer à des exactions sur les détenus tout en
bénéficiant d’un climat de complicité et d’impunité, a déclaré Amnesty
International.

« Des attaques semblables ont eu lieu dans la prison de Lisbonne et dans
d’autres prisons sans que l’attention des autorités en soit attirée et il
n’y a eu ni enquête ni poursuites. Amnesty International s’inquiète de ces
échecs endémiques à assurer la protection des droits humains des prisonniers
au Portugal », a ajouté l’organisation.

Albino Libanio était isolé des autres prisonniers de sorte que les
surveillants ont pu le passer à tabac sans attirer l’attention outre mesure.
D’autres surveillants n’ayant pas participé à l’attaque, mais qui étaient au
courant, n’ont pas signalé les faits à leurs supérieurs comme ils auraient
dû le faire ; Albino Libanio a été laissé sans soins médicaux après son
passage à tabac. Virtuellement tous les surveillants de la prison de
Lisbonne ont refusé de coopérer lors de l’enquête interne qui a été menée
sur cette affaire.

Amnesty International est préoccupée par le fait que :

 Les coups portés contre Albino Libanio s’apparentent à des actes de
torture ;

 aucune assistance médicale n’a été apportée à Albino Libanio ;

 les autorités pénitentiaires se sont révélées incapables de protéger
des prisonniers d’atteintes à leur intégrité physique et mentale ;

 les surveillants méconnaissent leurs devoirs et obligations envers
les détenus ;

 le droit international et les normes internationales relatives aux
droits humains ainsi que le droit national et les règlements de
l’administration pénitentiaire ont été violés.

Le gouvernement du Portugal est tenu de respecter ses obligations en droit
international et au titre des normes internationales et de protéger les
détenus des actes de torture et autres traitements ou châtiments cruels,
inhumains ou dégradants. Il doit veiller à ce que des enquêtes approfondies
et impartiales soient menées dans les meilleurs délais sur toute allégation
de torture ou mauvais traitements et doit faire en sorte que les auteurs
présumés de tels actes soient traduits en justice. Les victimes doivent
avoir droit à réparation et à une indemnisation convenable.

Amnesty International appelle le gouvernement portugais à ratifier et mettre
en application le plus tôt possible le Protocole facultatif se rapportant à
la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels,
inhumains ou dégradants. En devenant partie au Protocole, le Portugal se
verrait dans l’obligation d’autoriser une inspection international
indépendante de ses lieux de détention.

« Le gouvernement portugais doit mettre un terme à un certain type de
culture qui génère des abus de pouvoir à l’intérieur du système
pénitentiaire, a déclaré Amnesty International.

« Tous les surveillants impliqués dans l’affaire doivent être suspendus de
leurs fonctions en attendant les résultats de l’information judiciaire. Les
conclusions des enquêtes disciplinaire et judiciaire devront être rendues
publiques.

« Albino Libanio a droit à la justice - Il doit obtenir une réparation juste
en accord avec les conclusions de l’enquête. »

Complément d’information

Le 11 novembre 2003, Albino Libanio a demandé pour la deuxième fois à un
surveillant stagiaire de la prison ce qu’il en était d’un colis de
nourriture qu’il attendait, dans des termes apparemment « malvenus ». Le
stagiaire a considéré son attitude comme irrespectueuse et a fait un rapport
au surveillant en charge de cette aile de la prison. Albino Libanio a été
placé dans une cellule connue sous le nom de « salle d’attente » ou « 
cellule 80 », utilisée pour les prisonniers en transit ou pour séparer des
co-détenus violents ou vulnérables. Dans la soirée, le surveillant stagiaire
a emmené Albino Libanio dans un endroit où s’étaient rassemblés sur deux
rangs dix à quinze surveillants. Contraint de marcher entre les deux rangs,
Albino Libanio a été poussé et frappé à coups de poings et de pieds. Un
autre surveillant a entendu ce qui se passait et a emmené le prisonnier.
Aucun des surveillants n’a fait de rapport sur l’affaire. C’est par hasard
que cela s’est su - le lendemain, Albino Libanio a reçu une visite et a
raconté son passage à tabac à ses visiteurs. Ceux-ci ont averti son avocat
qui a alerté l’administration pénitentiaire et le procureur général.

Le 5 juillet 2004, Amnesty International a écrit au ministre de la Justice
pour lui faire part des inquiétudes de l’organisation suite à cette affaire,
demander des informations sur les enquêtes disciplinaire et judiciaire en
cours et lui demander de tenir compte des recommandations de l’organisation.
l

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