Plus de 250 000 personnes appellent le Bélarus à mettre fin aux exécutions

Amnesty International et les organisations biélorusses de défense des droits humains Viasna et le Comité Helsinki du Bélarus ont trouvé porte close lorsqu’elles ont voulu remettre au président Alexandre Loukachenko une pétition mondiale appelant à mettre fin aux exécutions dans le pays.

Les membres d’Amnesty International de par le monde et les organisations biélorusses avaient recueilli plus de 250 000 signatures dans le monde entier. La pétition, à l’origine une initiative locale, est devenue l’objet d’un vaste travail d’Amnesty International dans le cadre de sa campagne contre la peine de mort à l’occasion de son 50e anniversaire.

« Cette pétition adresse un message fort au président biélorusse : des citoyens du monde entier demandent que le Bélarus mette fin aux exécutions, a déclaré John Dalhuisen, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« En tant que dernier pays d’Europe et de l’ancienne Union soviétique à procéder à des mises à mort, nous souhaitons que le Bélarus réagisse positivement à cet appel mondial. »

Le dramaturge Tom Stoppard a été le 100 000e signataire de cette pétition, tandis que l’actrice et militante des droits humains Vanessa Redgrave fut la dernière personne à la signer.

Les organisations de défense des droits humains ont tenté de la remettre aux autorités quelques jours après que deux hommes ont été condamnés à mort au Bélarus, au terme d’un procès très médiatisé qui, selon Amnesty International, n’a pas respecté les normes internationales d’équité. Dimitri Konovalov et Vladislav Kovaliov ont été reconnus coupables d’avoir commis une série d’attentats terroristes au Bélarus. Le dernier, perpétré dans une station de métro à Minsk en avril, a fait 15 morts et 200 blessés.

Ils ont été condamnés le 30 novembre par la Cour suprême, ce qui ne leur laisse pas d’autre recours que la grâce présidentielle, en violation du droit international. Si leur demande de grâce est rejetée, ils pourraient être fusillés quelques minutes seulement après en avoir été informés.

La rapidité de l’arrestation de Dimitri Konovalov et Vladislav Kovaliov laisse sceptique quant à la procédure d’enquête. Selon certaines allégations, ils ont subi des actes de torture et des mauvais traitements dans le but de leur extorquer des « aveux ». En outre, aucun élément médicolégal n’établit de lien entre les deux hommes et l’explosion, et aucune trace d’explosifs n’a été retrouvée sur eux.

En apprenant leur condamnation, la mère de Vladislav Kovaliov, Lioubov Kovaliov, a déclaré aux médias : « Cette sentence n’a pas été rendue en se fondant sur des éléments matériels. Mon fils n’est pas coupable. Il n’est pas l’auteur de cet acte terroriste… Ce n’est pas un criminel. »

Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue à Minsk le 9 décembre, Lioubov Kovaliov a déclaré que lorsqu’elle a vu son fils pour la dernière fois, il y a une semaine, il portait des traces visibles de blessures aux poignets. Il est menotté en permanence à son lit, d’une main durant la journée, et des deux mains la nuit.

Dimitri Konovalov et Vladislav Kovaliov font l’objet d’une mobilisation de la population sans précédent au Bélarus ; une pétition contre leur exécution anticipée a rassemblé plus de 50 000 signatures, tandis que d’autres pétitions continuent d’affluer.

« La pétition que nous avons tenté de remettre le 9 décembre se fait l’écho de voix biélorusses et internationales qui exhortent le président à mettre fin sans délai à cette pratique barbare », a indiqué John Dalhuisen.

Les signatures ont été recueillies en Allemagne, en Autriche, en Belgique, aux Bermudes, au Canada (francophone), au Danemark, en Espagne, en France, en Grèce, en Hongrie, en Irlande, en Islande, en Italie, au Japon, au Luxembourg, en Malaisie, en Moldavie, en Mongolie, au Paraguay, aux Pays-Bas, en Pologne, à Porto Rico, au Portugal, au Royaume-Uni, en République tchèque, en Slovénie, en Suède, en Suisse, au Togo et en Ukraine. Cette pétition sera adressée au président Alexandre Loukachenko par la poste.

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