Philippines : Protection des droits humains

Le gouvernement des Philippines doit veiller à ce que les droits humains soient protégés pendant sa campagne contre les activistes sur l’île de Mindanao, où l’état de siège est toujours en place, a déclaré Amnesty International samedi 22 juillet.

Le 22 juillet, le président Rodrigo Duterte a prolongé l’état de siège en vigueur sur l’île de Mindanao (sud du pays) depuis le 23 mai 2016 pour six mois supplémentaires, jusqu’au 31 décembre 2017. Depuis le 23 mai 2017, les forces armées philippines livrent une bataille contre le groupe Maute, qui a prêté allégeance au groupe armé se désignant sous le nom d’État islamique, dans la ville de Marawi, capitale de la province de Lanao Del Sur (nord de Mindanao). La prolongation de l’état de siège fait suite à un vote des parlementaires lors d’une séance commune spéciale du Congrès.

« Le maintien de l’état de siège à Mindanao ne doit pas reléguer les droits humains au second plan à un moment où la population a plus que jamais besoin de protections essentielles. Les forces armées philippines doivent faire preuve de la plus grande modération pour s’assurer que les civils soient protégés pendant leurs opérations à Marawi  », a déclaré James Gomez, directeur régional pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.

Le corps législatif doit par ailleurs prendre l’initiative de veiller à ce que les forces armées et les institutions de l’État soient amenées à rendre compte de leurs actions tout au long de l’état de siège.

Le nombre total de victimes des affrontements demeure indéterminé, mais plusieurs centaines de personnes ont été tuées, dont des dizaines de civils pris au piège dans des quartiers de Marawi contrôlés par Maute.

« Le maintien de l’état de siège par un gouvernement impliqué dans des violations des droits humains à grande échelle est pour le moins inquiétant. Les violences perpétrées, notamment contre les personnes défavorisées et marginalisées, dans le cadre de la “guerre contre la drogue” du président Duterte ne doivent pas se répéter à Mindanao, a déclaré James Gomez.

« Toutes les violations des droits humains signalées doivent faire l’objet d’une enquête et les responsables présumés, sans distinction de rang ou de statut, doivent être amenés à rendre des comptes, quel que soit leur camp dans ce conflit. L’impunité ne peut pas devenir la norme. »

Alors que les combats se poursuivent à Marawi, plus de 200 000 personnes ont été forcées à fuir leur domicile depuis le début des affrontements en mai. Même si le gouvernement a mis en place des camps pour personnes déplacées et acheminé de l’aide, la situation humanitaire risque de s’aggraver si la période de déplacement se prolonge.

« Les efforts des autorités philippines visant à fournir une aide aux personnes déplacées sont louables et doivent se poursuivre le temps que ces personnes puissent retourner chez elles et reconstruire leur vie. Le gouvernement doit fréquemment réévaluer la situation, afin que l’état de siège soit levé dès que possible. Il doit en outre annuler la suspension du droit d’habeas corpus, qui ne peut faire l’objet d’aucune dérogation, même pendant un état d’urgence. »

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