Philippines : Les autorités doivent mettre un terme à toutes les opérations meurtrières de lutte contre la drogue

Le 24 août, le Sénat des Philippines a consacré son audience aux effroyables manquements de la police s’agissant de protéger les mineurs contre les conséquences meurtrières de la « guerre contre la drogue ».

L’audience du Sénat s’est tenue à la suite de l’homicide par la police la semaine dernière de l’étudiant de 17 ans Kian Loyd Delos Santos, une affaire qui a suscité une forte indignation au niveau national et international. La police affirme avoir agi en état de légitime défense, mais les images de vidéosurveillance et des témoins remettent en cause cette version des faits.

«  La mort de Kian a suscité à juste titre un tollé au niveau national et la confiance de la population dans la police est au plus bas. Il n’y a qu’un seul moyen d’y remédier : les autorités des Philippines doivent mettre un terme à toutes les opérations meurtrières de lutte contre la drogue, et revenir à une approche ancrée dans le respect de la légalité et l’état de droit, a déclaré James Gomez, directeur pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.

« Les précédentes audiences du Sénat consacrées à la " guerre contre la drogue " n’ont guère débouché sur des actions éloquentes de la police ou des autorités philippines. Celle-ci ne doit pas devenir un nouveau lieu de bavardage, mais être la première étape vers un véritable changement. »

Des milliers de personnes ont été tuées depuis que le président Rodrigo Duterte a lancé sa « guerre contre la drogue » après avoir accédé à la présidence en juin 2016. Selon les informations recueillies par Amnesty International, nombre de ces homicides constituent des exécutions extrajudiciaires et les victimes viennent majoritairement des quartiers les plus pauvres du pays.

Durant la séance, le ministre de la Justice Vitaliano Aguirre II a qualifié la mort de Kian de « cas isolé » et déclaré que les « dommages collatéraux  » étaient inévitables dans la « guerre contre la drogue  ».

Selon le Centre pour les droits juridiques et le développement des enfants, cependant, au moins 31 personnes âgées de moins de 18 ans ont été tuées dans le cadre d’opérations de police ou d’homicides commis semble-t-il par des milices durant la première année de la présidence de Rodrigo Duterte.

« Les déclarations du ministre Vitaliano Aguirre II ne sont pas seulement insensibles et cyniques, elles sont fausses. Il ne fait aucun doute que de nombreux mineurs ont payé le prix fort de la politique consistant à " tirer pour tuer " de la police – et ce sera le cas de beaucoup d’autres encore tant que la " guerre contre la drogue " ne sera pas terminée, a déclaré James Gomez.

« Les responsables présumés de la mort de Kian Loyd Delos Santos doivent être traduits en justice. Nous engageons le gouvernement à ordonner une enquête rapide et approfondie, menée par un organisme indépendant, tel que le bureau du médiateur. Toutefois, enquêter sur un seul homicide n’est pas suffisant, tous les homicides imputables à la police doivent bénéficier du même niveau d’obligation de rendre des comptes. »

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