Paraguay. Les peuples indigènes racontent eux-mêmes leur histoire au travers d’une exposition de photos

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

9 décembre 2010

Index AI : PRE01/412/2010

Amnesty International contribue à un projet photographique unique qui donne l’occasion aux membres de deux communautés indigènes au Paraguay de raconter eux-mêmes leur histoire à travers les clichés qu’ils prennent.

L’organisation, alliée à l’ONG Photovoice et à l’ONG paraguayenne Tierra Viva, a financé le projet qui permet aux Yakyes Axas et aux Sawhoyamaxas, deux communautés qui luttent pour regagner le droit de vivre sur leurs terres ancestrales, de prendre des photographies témoignant de leur combat et racontant l’histoire de leur vie au quotidien.

« Depuis près de 20 ans, les Yakyes Axas et les Sawhoyamaxas vivent sur une étroite bande de terre le long d’une grand-route, en attendant de pouvoir retourner sur leurs terres ancestrales. Ce projet leur permet de donner corps à leurs revendications et d’exprimer leurs espoirs et leurs attentes pour l’avenir », a indiqué Louise Finer, chercheuse sur l’Amérique du Sud à Amnesty International.

Ce projet s’inscrit également dans le Voyage au cœur des droits humains d’Amnesty International, espace Internet qui se propose d’amplifier la voix de ceux qui vivent dans la pauvreté et de mettre en lumière les atteintes aux droits humains qui les y maintiennent. Il encourage les gens à passer à l’action et à faire preuve de solidarité avec d’autres personnes et communautés à travers le monde. Le site met en exergue les liens entre des situations géographiques ou sociales très diverses – telles que la discrimination envers les Roms en Europe, la sécurité des femmes dans les bidonvilles de Nairobi et les luttes de ces communautés indigènes au Paraguay – et les solutions centrées sur les droits qui pourraient y apporter des améliorations.

Les photographies parlent des terres que les Yakyes Axas et les Sawhoyamaxas ont perdues, des animaux qui leur appartiennent, de l’école qu’ils ont construite et de leurs efforts pour avoir accès aux services les plus élémentaires afin de survivre dans un environnement déjà difficile.

Les Yakyes Axas et les Sawhoyamaxas se battent depuis plus de 20 ans pour retourner vivre sur leurs terres ancestrales, vitales à leur identité et à leur mode de vie. Jusqu’à présent, les gouvernements successifs se sont contentés d’ignorer leurs revendications.

« Pour ces communautés, leurs terres ancestrales sont le fondement de leur culture, de leur vie spirituelle et de leur survie, et leurs photographies montrent l’urgence de leur requête », a expliqué Louise Finer.

Une exposition rassemblant leurs clichés est présentée dans la capitale du Paraguay, Asunción, au Museo de la Memoria (Musée de la Mémoire), lieu fondé pour rendre compte des atteintes aux droits humains commises durant les dictatures militaires à la tête du Paraguay de 1954 à 1989.

Les diaporamas présentés :

 À travers notre regard – La terre.

Ces clichés montrent la terre qu’ils ont perdue et l’endroit où ils vivent actuellement, le long d’une route.

Témoignage de l’exposition : Édgar Benítez : « Comme nous ne vivons pas sur nos terres, il nous faut enterrer nos morts au bord de la route. »

 À travers notre regard – Le travail.

Ce diaporama retrace l’histoire de leurs longues marches pour chasser des animaux afin de nourrir la communauté, ainsi que le travail des femmes, chargées de ramasser du bois pour faire la cuisine.

Témoignage de l’exposition : Javier Florentín : « Chasser dans les montagnes, c’est dur. Nous avons souvent soif, froid et nous sommes fatigués. Nous parcourons 16 kilomètres et dormons au bord du sentier. »

 À travers notre regard – L’eau, la nourriture et la santé.

Cette série de clichés dépeint le combat pour se procurer des vivres afin de nourrir les enfants, les longues marches jusqu’au point d’eau le plus proche pour avoir de l’eau potable et l’accès restreint aux services de santé, les soins étant principalement prodigués par un professionnel de la santé qui leur rend visite.

Témoignage de l’exposition : Édgar Benítez : « Au moins les enfants ont à nouveau de quoi manger – un tatou. Cela fait bien longtemps que le Secrétariat national pour les urgences n’est pas venu nous apporter des vivres. »

 À travers notre regard – L’éducation et la culture.

L’école qu’ils ont bâtie de leurs propres mains est fréquentée par les filles et les garçons âgés de 6 à 11 ans environ. Parfois, ils doivent suivre leurs cours à l’extérieur de la petite salle de classe parce qu’elle n’est pas assez grande pour accueillir tout le monde. Malgré les difficultés auxquelles ils sont confrontés pour préserver leur culture, du fait de la perte de leurs terres, les Yakyes Axas et les Sawhoyamaxas s’efforcent de maintenir leurs rites traditionnels, qu’il s’agisse du chamanisme ou des jeux.

Témoignage de l’exposition : Javier Florentín : « La danse est très importante dans notre culture. Dans notre communauté, nous dansons fréquemment. Cette danse s’appelle Chokeada. »

  Nos droits, nos espoirs.

Au travers de dessins, les enfants des communautés Yakye Axa et Sawhoyamaxa expriment leur espoir que les résolutions de la Cour interaméricaine des droits de l’homme, qui reconnaît leurs droits, deviendront un jour réalité.

Complément d’information

Depuis des années, les terres ancestrales des Yakyes Axas et des Sawhoyamaxas sont acquises, petit à petit, par des propriétaires privés.

En 1991 et 1993 respectivement, les Sawhoyamaxas et les Yakyes Axas ont intenté une action en justice afin de recouvrer leurs terres.

En 2005 et 2006, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a ordonné au Paraguay de restituer les terres traditionnelles, mais rien n’a encore été fait. Le gouvernement du Paraguay n’a pas respecté les délais fixés par la Cour pour cette restitution.

En juin 2009, le Parlement du Paraguay a rejeté une proposition portant sur l’expropriation des terres revendiquées par les Yakyes Axas, bafouant les décisions rendues par la Cour interaméricaine.

On croit savoir que plus de 27 membres des deux communautés sont mortes ces 10 dernières années de maladies qui auraient pu être évitées, en raison de l’absence de services médicaux élémentaires, dans leurs installations de fortune.

Selon le dernier recensement des populations autochtones en 2002, 45 % de celles du Paraguay ne possèdent pas de titres de propriété sur leurs terres.

Liens :

Voyage au cœur des droits humains :
http://www.amnesty.org/fr/rightsjourney

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