Ordre de fermeture pour sept médias privés

Les autorités béninoises doivent revenir sur leurs décisions de mettre fin aux activités de sept médias privés et promouvoir la liberté de la presse, a déclaré Amnesty International aujourd’hui.

Dans une série de décisions rendues publiques le 28 novembre dernier, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) a suspendu la radio Soleil FM, et les chaînes de télévision E-Télé, Sikka TV, la Chrétienne TV, Eden TV, Unafrica TV et La Béninoise.

« Ces fermetures sont arbitraires et constituent une attaque contre les médias en général et une violation flagrante du droit à la liberté d’expression, » a déclaré François Patuel, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest chez Amnesty International.

« Les autorités doivent veiller à ce que les médias puissent faire leur travail sans crainte et sans subir de manœuvres d’intimidation ni de harcèlement. »

Dans les décisions dont Amnesty International a obtenu copies, la HAAC ordonne de mettre fin aux activités de Soleil FM, d’E-Télé et d’Eden TV au motif que ces trois médias n’ont pas signalé le changement d’adresse de leur lieu d’émission.

Les décisions relatives à Sikka Télévision, la Chrétienne TV, UNAFRICA TV et la Béninoise sont motivées par le fait que ces chaînes émettraient sans autorisation.

« Mettre fin aux activités des médias est une sanction lourde qui ne devrait être prise qu’en cas de manquement grave à la loi et ordonnée par un tribunal civil indépendant, et non au gré d’une décision administrative », a déclaré François Patuel.

Complément d’information

Soleil FM et Sikka TV appartiennent à l’homme d’affaires et ancien candidat à la présidentielle de mars dernier Sébastien Ajavon. Il a été interpellé le 28 octobre après la découverte de 18 kilos de cocaïne dans un conteneur destiné à sa société, avant d’être relaxé.

Soleil FM conteste ne pas avoir informé la HAAC de son changement d’adresse. Les responsables de Sikka TV ont annoncé leur intention de déposer une plainte suite à la décision de la HAAC.

Selon la constitution du Bénin, la liberté de la presse est reconnue et garantie par l’État. Elle est protégée par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) dans les conditions fixées par une loi organique.

Toutefois la HAAC dispose d’une indépendance limitée car le président de la République en nomme le président et ses neufs membres. En 2015, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies avait encouragé le Bénin à engager des réformes afin de « garantir l’indépendance et l’impartialité » de la HAAC.

Le Bénin est tenu, au titre de l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et de l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), de garantir le droit à la liberté d’expression.

Les seules restrictions à l’exercice de ce droit, prévues par ces textes sont celles nécessaires pour la protection de la sécurité nationale, de l’ordre public, de la santé ou de la moralité publiques, ou des droits et libertés d’autrui.

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