Non, la Belgique ne relocalise pas assez de demandeurs d’asile depuis la Grèce et l’Italie

Suite aux propos du Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, Theo Francken, qualifiant d’« intellectuellement malhonnêtes » les déclarations d’Amnesty International relatives à la politique de la Belgique en matière de relocalisation, l’organisation de défense des droits humains réaffirme que, comme beaucoup d’autres États membres de l’UE, la Belgique n’a pas mis en œuvre un plan suffisamment ambitieux. Ces manquements ont pour conséquence le blocage de milliers de personnes dans des conditions souvent inhumaines en Grèce et en Italie.

« Nous persistons dans notre constat : la Belgique est en-deçà de ses engagements en termes de relocalisation, ce qui fait d’elle un mauvais élève au niveau européen. D’autres pays, comme Malte, la Finlande et l’Irlande, font beaucoup mieux et sont à la hauteur des attentes que la situation exige, voire les ont dépassées, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. Nous appelons tous les gouvernements européens à respecter leurs engagements vis-à-vis des instances européennes et à accepter un nombre additionnel de réfugiés par d’autres moyens, tels que le rapatriement familial et les visas ».

Si la Belgique s’était engagée dans un premier temps à relocaliser 3 812 demandeurs d’asile sur les 160 000 initialement demandés par l’Union européenne, les quotas ont ensuite été revus à la baisse jusqu’à atteindre 1 530. Cette décision a été prise sur base de critères de reconnaissance discriminatoires, qui n’octroient l’accès au programme qu’aux candidats pour lesquels le taux moyen de reconnaissance à la protection internationale au niveau de l’UE est supérieur à 75%. À ce jour, la Belgique a relocalisé 997 personnes, ce qui la place sous la moyenne européenne (27,5 %) .

« La raison de cet échec est clairement le manque de volonté politique des gouvernements européens, même si le programme de relocalisation constitue une tentative positive de mise en place d’un système de partage de responsabilité. Nous considérons pour notre part que la véritable solidarité réside dans un effort sincère de relocalisation des personnes dont la demande d’asile est légitime, même s’il ne sont pas éligibles dans les critères actuels du plan de relocalisation. Ce n’est actuellement pas le cas de la Belgique. », insiste Philippe Hensmans.

Complément d’information

En 2015, plus d’un million de demandeurs d’asile ont atteint l’Europe en traversant la Méditerranée. Au fur et à mesure que les routes migratoires se sont fermées, ces personnes se sont retrouvées bloquées en Grèce ou en Italie, ce qui a provoqué des tensions entre les États membres.

Par ailleurs, le 20 mars 2016 a pris effet l’accord UE-Turquie, lequel prévoit que les demandeurs d’asile et les migrants quittant la Turquie vers la Grèce par la mer Méditerranée soient renvoyés en Turquie. En échange, pour chaque réfugié syrien renvoyé en Turquie, l’Union européenne s’est engagée à réinstaller un autre réfugié syrien qui se trouve en Turquie. Par conséquent, les personnes arrivées en Grèce et en Italie après l’entrée en vigueur de cet accord ont été exclues du plan de relocalisation. Des dizaines de milliers de personnes - dont beaucoup ont une demande d’asile légitime - se sont ainsi retrouvées bloquées pendant des mois dans des conditions souvent inhumaines en Grèce et en Italie.

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