Myanmar, Des militants des droits humains exclus de la plus vaste libération de prisonniers

Myanmar_libération de prisonniers

Les autorités ont refusé de libérer des prisonniers d’opinion et des militants détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits dans le cadre d’une grâce présidentielle collective concernant près de 25 000 personnes.

« Il est consternant que les prisonniers d’opinion et les militants aient été majoritairement exclus de la grâce présidentielle collective prononcée vendredi 17 avril. Ces personnes ne devraient même pas être emprisonnées et sont victimes de la répression, du harcèlement et des arrestations arbitraires que les autorités civiles et militaires du Myanmar font subir à la population, a déclaré Clare Algar, directrice générale de la recherche, du plaidoyer et des politiques à Amnesty International.

« Ces personnes ne devraient même pas être emprisonnées et sont victimes de la répression, du harcèlement et des arrestations arbitraires »

« En outre, les lieux de détention surpeuplés sont hautement exposés aux épidémies de COVID-19. Dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, il est plus important que jamais que les autorités du Myanmar prennent des mesures urgentes pour protéger toutes les personnes privées de liberté, notamment en relâchant toutes celles qui sont détenues uniquement pour avoir exercé leurs droits pacifiquement.

Les prisons du Myanmar demeurent surpeuplées, insalubres et très mal pourvues en services de santé

« Tous les défenseurs des droits humains et les militants qui demeurent incarcérés pour avoir simplement exercé sans violence leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique doivent être libérés immédiatement et sans condition. »

Complément d’information

Le 17 avril, le président du Myanmar a libéré 24 896 prisonniers à l’occasion du Nouvel an bouddhique.

Il a notamment invoqué des raisons humanitaires pour expliquer cette mesure. Selon l’Association d’aide aux prisonniers politiques de Birmanie, c’est la plus grande grâce collective prononcée depuis une décennie.

Cependant, plusieurs prisonniers d’opinion et militants dont le cas a été identifié par Amnesty International n’en ont pas bénéficié.

Dans un rapport publié le 13 avril, Amnesty International a attiré l’attention sur les arrestations, les poursuites judiciaires et les placements en détention dont les défenseurs des droits humains, les militants et les journalistes continuent de faire l’objet au Myanmar uniquement en raison de leurs activités pacifiques. Dans certains cas, ces personnes ont été prises pour cible après avoir participé à des manifestations non violentes, lors desquelles elles avaient souvent dénoncé des injustices et des violations des droits humains. Dans d’autres cas, elles avaient critiqué les autorités, notamment l’armée, sur Internet.

Les arrestations et les placements en détention à caractère politique sont rendus possibles par la législation du Myanmar, qui comporte des dispositions limitant arbitrairement les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Les autorités ont certes fait des efforts pour modifier ou abroger certaines lois répressives, mais il en reste beaucoup qui sont loin d’être conformes aux normes internationales relatives aux droits humains.

Alors que le gouvernement du Myanmar concentre son attention sur la crise du COVID-19 dans le pays et prépare les élections prévues en novembre, les autorités doivent garantir un environnement sûr dans lequel il est possible de défendre et de promouvoir les droits humains et de signaler les violations de ces droits sans crainte d’intimidation, de sanctions ou de représailles.

Bien que le nombre de prisonniers graciés cette année soit supérieur à celui de 2019, les prisons du Myanmar demeurent surpeuplées, insalubres et très mal pourvues en services de santé.

La distanciation sociale et l’isolement sont quasiment impossibles dans les prisons en surcapacité, et la haute-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a averti des conséquences « catastrophiques » qui pourraient se produire si le problème de la surpopulation carcérale est négligé pendant la pandémie de COVID-19.

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