Manifestation Raif Badawi : 300 jours de prison sous la menace du fouet

Ce jeudi à 17 heures, des militants manifesteront devant l’ambassade d’Arabie saoudite pour réclamer la libération du blogeur Raif Badawi, de son avocat et de trois jeunes militants condamnés à mort.

Ce jeudi, à 17 heures, 300 jours après la première séance de flagellation subie par le blogueur saoudien, récent lauréat du Prix Sakharov, des militants d’Amnesty International se rassembleront comme chaque mois devant l’ambassade d’Arabie saoudite.

Ils réclameront la libération et l’annulation des peines de Raif Badawi, condamné notamment à 1000 coups de fouet et à 10 ans de prison, et de son avocat, Waleed Abu al Khair et manifesteront également en faveur d’Ali al Nimr, d’Abdullah al Zaher et de Dawood al Marhoon.

Ces trois jeunes militants chiites sont condamnés pour des faits qu’ils auraient commis alors qu’ils étaient mineurs et sur base d’aveux qui leur ont vraisemblablement été arrachés sous la torture.

« Nous restons plus déterminés que jamais à obtenir la libération de Raif et son avocat ainsi que l’annulation de leurs peines. Chaque jour passé derrière les barreaux par ces deux prisonniers d’opinion est une insulte à la liberté d’expression. Parallèlement, nous nous mobilisons aujourd’hui également pour trois autres Saoudiens, condamnés à la peine capitale pour des faits qu’ils auraient commis alors qu’ils étaient mineurs, explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International. Non seulement, leurs aveux ont vraisemblablement été arrachés sous la torture et les sentences ont été prononcées à l’issue de procès inéquitables, mais, en plus, en les condamnant à mort, l’Arabie saoudite viole de fait la Convention relative aux droits de l’enfant à laquelle elle est partie. »

La mobilisation pour Raif Badawi et, plus généralement, pour des Saoudiens victimes de violation de leurs droits, reste très importante en Belgique. Ainsi, les pétitions en faveur du blogueur saoudien et du jeune Ali al Nimr ont respectivement récolté plus de 38 000 et 18 000 signatures.

De façon générale, les autorités saoudiennes continuent de mener une campagne de persécution de grande ampleur à l’encontre des défenseurs des droits humains et des militants de la société civile, en engageant des poursuites judiciaires contre eux et en adoptant des mesures arbitraires telles que l’interdiction de voyager.

En ce qui concerne la peine de mort, l’Arabie saoudite y a recours de façon quasiment frénétique, souvent de façon arbitraire et à l’issue de procès entachés d’irrégularités. C’est ce qu’a démontré un récent rapport d’Amnesty International. Ainsi, la semaine dernière, l’Arabie saoudite procédait à la 142e exécution depuis le début de l’année. Parmi les condamnés, des mineurs délinquants et des personnes souffrant de handicaps mentaux.

En marge de cette manifestation, une pétition en faveur de Raif Badawi et de son avocat et une autre pour Ali Mohammed Baqir al Nimr sont disponibles sur le site d’Amnesty international.

Complément d’information

Depuis 2012, les autorités saoudiennes persécutent défenseurs des droits humains et dissidents en toute impunité, aussi bien par la voie juridique que par des moyens extrajudiciaires, comme des interdictions de voyager.

Une nouvelle loi de lutte contre le terrorisme est entrée en vigueur en février 2014 et est utilisée depuis lors contre des défenseurs des droits humains et des militants afin de les condamner à de lourdes peines de prison, voire à la peine de mort. La plupart des procès de ces militants se sont déroulés devant le Tribunal pénal spécial, dont la compétence est vague et les procédures nimbées de secret.

Ali al Nimr a été arrêté en février 2012, alors qu’il avait 17 ans. Il a été condamné à mort en mai 2014 par le Tribunal pénal spécial de Djedda pour 12 infractions - parmi lesquelles participation à des manifestations antigouvernementales, agressions contre les forces de sécurité, détention d’un mitraillette et vol à main armée. Ali al Nimr a déclaré que ses « aveux » lui avaient été arrachés sous la torture, mais le tribunal a refusé de diligenter une enquête sur ses allégations.

Abdullah al Zaher et Dawood al Marhoon ont été arrêtés le 3 mars et le 22 mai 2012, alors qu’ils avaient respectivement 16 et 17 ans. En octobre 2014, ils ont été condamnés à mort par le Tribunal pénal spécial de Riyadh pour des motifs similaires, puisqu’ils avaient notamment été reconnus coupables d’avoir participé à des défilés antigouvernementaux, commis un vol à main armée et « pris part à l’homicide de policiers en fabriquant et utilisant des cocktails Molotov pour les attaquer ». Eux aussi affirment qu’on les a torturés et forcés à « avouer ».

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