Maldives : Il faut mettre fin aux actes de harcèlement et d’intimidation visant S. Ismail

Le Forum asiatique pour les droits de l’homme et le développement (FORUM-ASIA), l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (partenariat entre la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme [FIDH] et l’Organisation mondiale contre la torture [OMTC]), Front Line Defenders et Amnesty International demandent au gouvernement des Maldives de mettre immédiatement un terme aux actes de harcèlement et d’intimidation visant Shahindha Ismail, éminente défenseure des droits humains et administratrice du Réseau des Maldives pour la démocratie (MDN).

La police a accusé Shahindha Ismail d’avoir tenté, sur Twitter, de « perturber l’unité religieuse et créer la discorde religieuse aux Maldives ». Elle a déjà été convoquée deux fois et, le 2 avril 2018, des policiers l’ont interrogée parce qu’elle aurait critiqué la religion islamique « dans le but de susciter le mépris pour l’Islam », en vertu de l’article 617(a), alinéas 1 et 2, du Code pénal, qui prévoit jusqu’à quatre mois et 24 jours d’emprisonnement pour les primo-délinquants. Shahindha Ismail a nié catégoriquement.

Ces fausses accusations et l’enquête dont elle fait l’objet semblent n’être qu’une tentative du gouvernement de faire obstacle à son travail légitime de défenseure des droits humains.

À l’origine des allégations dont Shahindha Ismail fait l’objet figure un tweet qu’elle a posté le 21 décembre 2017 en réponse à une déclaration du président Abdulla Yameen, qui avait déclaré qu’il n’autoriserait aucune autre religion que l’Islam. Shahindha Ismail a répondu sur Twitter : « D’autres religions que l’Islam existent dans ce monde parce qu’Allah l’a autorisé. Autrement, il n’existerait aucune autre religion, n’est-ce pas ?  »

La police a ouvert une enquête contre Shahindha Ismail après que le site Internet d’informations progouvernemental Vaguthu Online a publié une série d’articles sur son tweet le 28 décembre 2017. Ces articles l’accusaient d’avoir « indirectement appelé à autoriser d’autres religions aux Maldives » et d’avoir blasphémé. Ils l’étiquetaient comme apostate et exigeaient qu’elle fasse montre de repentir. Le même jour, le ministère des Affaires islamiques a publié une déclaration condamnant les discours anti-islamiques, semble-t-il en référence au tweet de Shahindha Ismail. Il s’en est suivi une avalanche de menaces, notamment des menaces de mort, contre Shahindha Ismail sur les réseaux sociaux.

Les autorités doivent ouvrir sans délai une enquête indépendante et impartiale sur les violences et les menaces en ligne dont Shahindha Ismail a fait l’objet en raison de son travail légitime en faveur des droits humains et de l’exercice pacifique de son droit à la liberté d’expression.

Dans un contexte où les menaces en ligne proférées contre des défenseurs des droits humains, en particulier accusés de défendre des opinions laïques, ont récemment eu des conséquences désastreuses, nous sommes préoccupés par le fait que les autorités aient ignoré ces menaces graves contre Shahindha Ismail.

En avril 2017, Yameen Rasheed, défenseur des droits humains et blogueur, a été tué. La police et les autres autorités n’avaient pas donné suite aux signalements de menaces à son encontre. De même, le journaliste et défenseur des droits humains Ahmed Rilwan Abdulla a été enlevé et n’a pas réapparu depuis août 2014. Les autorités avaient ignoré plusieurs signalements de menaces à son encontre.

Les fausses allégations contre Shahindha Ismail vont avoir un effet paralysant sur la liberté d’expression et les défenseurs des droits humains aux Maldives, déjà confrontés à un climat très restrictif. L’enquête dont elle fait l’objet ne fera qu’encourager ceux qui propagent la haine contre les défenseurs des droits humains et qui les menacent.

Le gouvernement des Maldives a l’obligation, au titre de sa Constitution et des traités internationaux auxquels le pays est partie, de garantir le droit à la liberté d’expression et les autres libertés fondamentales.

Nous appelons instamment le gouvernement des Maldives à clore cette enquête et à mettre fin à toutes les formes de harcèlement à l’encontre de Shahindha Ismail. Les autorités doivent garantir un climat sûr et propice dans lequel les défenseurs des droits humains puissent mener à bien leurs activités légitimes sans avoir à craindre de représailles.

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