Les membres de l’opposition dans la ligne de mire des autorités

Les autorités de Côte d’Ivoire doivent cesser de s’en prendre aux membres de l’opposition en réduisant leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, a déclaré Amnesty International à l’approche du référendum constitutionnel prévu dans le pays dimanche 30 octobre 2016.

Le 20 octobre, au moins 50 membres de l’opposition ont été arrêtés arbitrairement lors d’une manifestation pacifique et détenus pendant plusieurs heures dans des véhicules de police en circulation. Certains ont ensuite été déposés en différents lieux de la principale ville du pays, Abidjan, tandis que d’autres étaient abandonnés à une centaine de kilomètres de chez eux et contraints de rentrer à pied. Cette pratique est connue sous le nom de « détention mobile ».

« Cette forme de traitement inhumain est contraire au droit international et régional relatif aux droits humains et aux normes y afférentes. Toute personne, y compris membre de l’opposition, a le droit d’exprimer pacifiquement son opinion et de voir sa dignité respectée en toutes circonstances, qu’elle fasse campagne pour le oui ou pour le non à l’occasion du référendum. Les membres des forces de sécurité responsables de ces actes doivent être identifiés et amenés à rendre des comptes  », a déclaré Gaetan Mootoo, chercheur Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

« La Côte d’Ivoire doit s’attacher à créer un climat favorable et sûr, dans lequel toutes les voix puissent se faire entendre. En restreignant de façon abusive la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique des voix dissidentes, principalement des membres de l’opposition, les autorités font fausse route. »

Le 20 octobre, la police a utilisé des gaz lacrymogènes contre des manifestants opposés au projet de nouvelle Constitution qui commençaient à se rassembler. Les policiers ont matraqué les leaders du rassemblement et ont arrêté au moins 50 personnes.

Un dirigeant de l’opposition qui a échappé à l’arrestation a raconté à Amnesty International :

«  Les membres des forces de sécurité ont confisqué les téléphones portables des personnes arrêtées, puis ont chargé ces personnes dans des véhicules de police qui ont circulé pendant des heures dans la ville et à l’extérieur d’Abidjan. Au bout de plusieurs heures, ils ont dit à ces personnes qu’elles étaient libres mais que, puisqu’elles voulaient manifester, elles n’avaient qu’à retourner à la ville à pied. Ils appellent cette pratique la détention mobile. »

Amnesty International engage les autorités à mettre un terme à cette pratique de la détention arbitraire, et les appelle à veiller à ce que les membres de l’opposition puissent exprimer librement leurs opinions.

Ceux qui se trouvent toujours en détention pour avoir simplement exercé pacifiquement leurs droits doivent être libérés. C’est le cas notamment de Tahouri Wase Marius, qui a été arrêté à la suite de la manifestation du 20 octobre et inculpé de troubles à l’ordre public. Selon son avocat, son procès doit s’ouvrir le 28 octobre 2016.

L’ancien président de l’Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, a été arrêté à deux reprises depuis l’ouverture de la campagne du référendum le 22 octobre. Il a à chaque fois été remis en liberté.

Amnesty International est préoccupée par la pratique courante des arrestations et de la détention arbitraires de membres de l’opposition pendant des manifestations ou des rassemblements pacifiques.
Pendant la période électorale de 2015 (élection présidentielle), plus de 50 sympathisants de l’opposition ont été arrêtés et placés en détention uniquement en raison de leurs convictions politiques et pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions. Ils ont été libérés après plusieurs mois de détention.

Des représentants d’Amnesty International, dont Alioune Tine, directeur régional pour l’Afrique occidentale et centrale, ont rencontré la ministre ivoirienne des Droits de l’homme en février 2016 pour lui faire part des préoccupations de l’organisation, notamment en ce qui concerne la détention de prisonniers d’opinion, l’existence de lieux de détention secrets et le caractère sélectif de la justice. La ministre a demandé un délai de 100 jours pour examiner les recommandations d’Amnesty International.

Cependant, le gouvernement n’a rien fait depuis, bien qu’il ait reçu une lettre de relance de l’organisation en avril. En attendant, les arrestations de membres de

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