Le Bahreïn doit mettre fin à l’engrenage de la répression

Ce jour, Amnesty International a exhorté les autorités bahreïnies à agir à l’occasion du glamour Grand prix de Formule 1 qui aura lieu ce week-end, en libérant immédiatement et sans condition tous les prisonniers d’opinions détenus uniquement pour avoir exprimé pacifiquement leurs opinions, et en mettant fin au harcèlement des activistes politiques et défenseurs des droits humains.

Malgré des promesses de réformes datant de 2011, en réaction à la colère du peuple et aux critiques internationales suite à la répression de manifestations par les autorités, l’engrenage de la répression ne s’enraye pas au Bahrein.

Les autorités ont sévèrement entravé l’exercice pacifique des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion ? ; n’ont pas efficacement lutté contre la pratique de la torture et des autres mauvais traitements des détenus, ni contre les autres abus commis par la police ? ; et ont condamné des individus à des peines de prison très lourdes, ainsi qu’à la peine de mort, à la suite de procès iniques. Les autorités ont également retiré la nationalité bahreïnie de certains de leurs citoyens, sous prétexte de vagues raisons de sécurité. Ces derniers, désormais apatrides, ont été expulsés du pays.

Comme lors des éditions précédentes, les autorités vont profiter du Grand prix pour envoyer l’image d’un pays ouvert et en pleine réforme. Cette image est pourtant très éloignée de la réalité. Des meneurs politiques sont en prison depuis 2011. D’autres, qui ont continué à demander des réformes pacifiques ou qui ont critiqué les actions des autorités, ont été jetés en prison à la suite de procès iniques. Sheikh Ali Salman, condamné à quatre ans de prison, Fadhel Abbas Mahdi condamné à cinq ans, Ebrahim Sharif, condamné à un an, Zainab al-Khawaja, condamnée à trois ans et un mois, sont quelques exemples d’une longue liste, qui montre la manière dont autorités s’occupent des critiques pacifiques.

Ceux qui ne sont pas en prison ont des charges retenues contre eux ou sont sujets à d’autres restrictions arbitraires. Malgré les demandes répétées des organisations gouvernementales et non gouvernementales, le défenseur des droits humains Nabeel Rajab est interdit de quitter le Bahreïn. Sheikh Maytham al-Salman, un défenseur du droit à la liberté d’expression et de religion, n’a toujours pas reçu de passeport, malgré sa demande en janvier 2016. Bien qu’il ait demandé au Ministère de l’Intérieur à plusieurs reprises, au moins neuf fois, une explication quant à l’attente pour la délivrance de son passeport, on ne lui en a pas communiqué la raison. Ce genre de pratiques représente une série de restrictions arbitraires à la liberté de mouvement et empêche le travail de ce défenseur des droits humains. Sheikh Maytham al-Salman et Nabeel Rajab ont notamment des charges retenues contre eux pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.

Tous ceux qui veulent critiquer ouvertement les autorités bahreïnies pendant le Grand prix, durant lequel des journalistes étrangers et des touristes seront présents, risquent de graves conséquences. Les autorités ont interdit pour une durée indéterminée les manifestations à Manama. Dans d’autres villes et villages, la police antiémeute utilise régulièrement des gaz lacrymogènes et des fusils pour disperser les manifestants, ce qui entraîne des blessures graves et des arrestations.

Très peu d’officiers de la sécurité/police font l’objet d’enquêtes et de condamnation pour l’usage de la torture et d’autres mauvais traitements contre les manifestants et les prisonniers. Ceux qui l’ont été sont des officiers de grade inférieur et ils sont souvent acquittés ou reçoivent des peines symboliques. Pendant ce temps, Amnesty International continue de recevoir des rapports de torture et d’autres mauvais traitements pendant les détentions et les interrogatoires. Lorsque les victimes et leurs avocats portent plainte au tribunal, ils sont souvent ignorés. Leurs allégations ne sont pas toujours examinées, ce qui renforce la culture d’impunité que les autorités disent vouloir combattre.

Un autre exemple de l’érosion alarmante des droits humains à Bahreïn est le nombre croissant d’expulsions d’individus qui se sont vus révoquer leur nationalité. Une telle évolution est alarmante : elle correspond à une nouvelle arme de prédilection des autorités bahreïnies pour faire taire la dissidence et se débarrasser des individus indésirables.

Si les autorités veulent montrer une image plus positive au monde, elles doivent améliorer la réalité des droits humains à Bahreïn. Un bon départ serait la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers d’opinion, l’arrêt des expulsions et l’introduction de réformes respectueuses des droits humains dans le système judiciaire et les lois du pays.

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