Communiqué de presse

La Lituanie « verrouille » la vérité sur les prisons secrètes de la CIA

Les autorités lituaniennes doivent revenir sur leur décision de ne pas rouvrir l’enquête sur les prisons secrètes de l’Agence centrale du renseignement des États-Unis (CIA) établies sur le territoire lituanien, a déclaré Amnesty International vendredi 21 octobre.

L’annonce faite par le procureur général de la Lituanie intervient quelques semaines seulement après qu’Amnesty International a publié un rapport présentant de nouvelles informations sur les vols de « restitutions extraordinaires » en Lituanie, à l’époque où les sites secrets étaient semble-t-il opérationnels.

Amnesty International et l’ONG Reprieve (basée à Londres) avaient exhorté les autorités à rouvrir l’enquête pénale sur l’implication du pays dans les programmes de « restitution » et de détention secrète menés par les États-Unis. Reprieve avait fourni pour le rapport de nouveaux éléments sur les vols de « restitutions ».


« Que le procureur affirme qu’il n’y a plus rien à découvrir n’est tout simplement pas crédible
, a indiqué Julia Hall, spécialiste à Amnesty International de la question de la lutte contre le terrorisme et des droits humains.


« Un volume important d’informations, anciennes et nouvelles, n’a pas fait l’objet d’investigations approfondies. La seule raison qui motive encore ce refus de rouvrir l’enquête est la peur de la vérité. »

Une enquête parlementaire lituanienne a conclu en 2009 que deux prisons secrètes administrées par la CIA avaient été mises en place pour accueillir des détenus.

Le procureur général a démarré une enquête sur cette affaire en janvier 2010, mais l’a classée un an plus tard pour des motifs éminemment suspects. Il a notamment fait valoir que les informations recueillies par le bureau du procureur ne pouvaient être rendus publics, au nom du « secret d’État ».

Le rapport publié par Amnesty International sous le titre Unlock the Truth in Lithuania : Investigate Secret Prisons Now a montré que des éléments de preuve essentiels mis au jour par la première enquête n’avaient pas fait l’objet d’investigations dignes de ce nom. Des délégués d’Amnesty International et du Human Rights Monitoring Institute, basé à Vilnius, ont rencontré des représentants du gouvernement en septembre afin de leur demander de rouvrir l’enquête.

Parmi les nouveaux éléments évoqués figuraient les allégations crédibles selon lesquelles Abu Zubaydah, actuellement incarcéré au centre de détention américain de Guantánamo Bay, a été détenu dans une prison secrète de la CIA en Lituanie.


« Nous savons que des personnes ont été torturées dans des centres semblables à ceux qui ont été établis sur le sol lituanien
, a expliqué Julia Hall.

« Si des atteintes aux droits humains de cette nature ont également été commises en Lituanie, la population a le droit de le savoir, les victimes ont droit à la vérité et le gouvernement a l’obligation de traduire en justice les responsables présumés. Le refus du procureur d’enquêter sur le rôle qu’a joué son pays dans le programme de détentions secrètes mis en œuvre par la CIA constitue un regrettable manquement à ses obligations et une grave violation des engagements de la Lituanie en matière de droits humains. »

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