La contestation pacifique continue d’être étouffée

Les autorités malaisiennes doivent annuler la peine de 18 mois d’emprisonnement prononcée contre Rafizi Ramli, un député lanceur d’alerte, a déclaré Amnesty International le 14 novembre 2016.

Rafizi Ramli a été déclaré coupable, au titre de la Loi relative aux secrets d’État de 1972, d’avoir été en possession et d’avoir révélé certains éléments du rapport du contrôleur général sur le scandale 1MDB, une affaire de corruption dans laquelle est impliqué le Premier ministre malaisien, Najib Razak.

« Rafizi Ramli a agi dans l’intérêt général en dévoilant des informations sur l’un des plus importants scandales financiers de l’histoire récente de la Malaisie. Les autorités auraient dû rendre public dès le début le rapport du contrôleur général, au lieu de tenter de le mettre sous le boisseau, a déclaré Josef Benedict, directeur adjoint pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.

« La peine prononcée contre Rafizi Ramli doit être immédiatement annulée, et cet homme doit être protégé contre toute mesure de représailles liée à ses révélations concernant des actes répréhensibles. En invoquant la Loi sur les secrets d’État les autorités malaisiennes prennent une fois de plus prétexte de la sécurité nationale pour empêcher des gens de poser des questions légitimes au sujet du fonds 1MDB, et empêchent le public de recevoir de ces informations. »

Rafizi Ramli est actuellement en liberté sous caution dans l’attente de l’examen de son recours devant la Haute Cour. Quand toutes les voies de recours auront été épuisées, si cette décision de justice n’est pas annulée, il perdra son siège au Parlement et sera envoyé en prison alors qu’il n’a fait qu’exercer pacifiquement ses droits. Si Rafizi Ramli est incarcéré, Amnesty International le considérera comme un prisonnier d’opinion.

Amnesty International est préoccupée par le fait qu’en Malaisie les autorités utilisent couramment les lois sur la sécurité nationale ainsi que d’autres lois restrictives pour étouffer la contestation pacifique.

Complément d’information

Le 24 mars 2016, lors d’une conférence de presse organisée dans le hall du Parlement, Rafizi Ramli a dévoilé le contenu d’une page du rapport du contrôleur général sur le scandale de corruption 1MDB.

Le 3 avril 2016, il a été maintenu en détention pendant trois jours avant d’être inculpé au titre de la Loi relative aux secrets d’État de 1972.

Rafizi Ramli est également inculpé au titre de l’article 97-1 de la Loi relative aux banques et aux institutions financières, par le tribunal de première instance de Shah Alam, pour avoir révélé le scandale de la National Feedlot Corporation, qui porte sur un prêt du gouvernement d’un montant de 250 millions de ringgits malaisiens (environ 50 millions de livres sterling) pour un projet d’élevage de bétail.

Il a en outre été déclaré coupable par le tribunal de première instance de Petaling Jaya, au titre de l’article 504 du Code pénal, d’avoir « provoqué des membres de l’UMNO », et été condamné à une amende de 1 800 ringgits malaisiens.

1Malaysia Development Bhd (1MDB) a été créé par le Premier ministre Najib Razak en 2009 en vue de la mise en place d’un pôle financier à Kuala Lumpur.

Ce fonds n’a pas pu rembourser une partie des 11 milliards de dollars qu’il devait à des banques et à d’autres créanciers.

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